mercredi, novembre 30, 2005

I really, really wish I could be somewhere else

[ Brackets ]

Je suis tombée amoureuse d'une chanson qui s'aplle Mηα φορα.
Hm.
Chantée par Dimitris Korgialis et Katerina Moutsatsou.
Rien que les noms suppriment tout risque de crédibilité pour cette chanson, il faut dire que les noms grecs sont quand même terriblement risibles, non seulement ils s'apellent tous Yiorgo, Niko ou Kosta mais en plus leurs noms font rarement moins de trois syllabes et ont des sonorités de dindons.
Mais quand le chanteur dit Περιµενω εδω ( 'j'attends ici', un jour, je ferai un traité sur la diversité des paroles grecques, qui disent en gros, toutes la même choses, des phrases qui tournent autour de mon bébé ne me quitte pas, je suis bien, je t'aime, d'autres étincelles philosophiques du genre ) c'est triste de se rendre compte que ça me fait autant frissonner que Where Is My Mind. Non pas autant en fait, mais ça le faisait plus de mettre la culture musicale Grecque au niveau des Pixies.
Mais il faut dire que j'ai un sacré potentiel d'affection en ce qui concerne la musique merdique. A titre indicatif je possède quand même des mp3 de Shakira, Good Charlotte et T.A.T.U, et ce, sans scrupule. C'est vrai que dans la vase nauséabonde que constitue le répertoire de ces...personnes, il remonte parfois un ou deux survivant à la surface, une composition qui, par chance, n'a pas été totalement noyé dans la masse de la chanson commercialement correcte et qui se laisse écouter ( parfois, elle fait plus que se laisser. *L'assemblée se tourne dans un seul mouvement vers Underneath Your Clothes qui est la seule qui continue à regarder devant elle* ).
Cette chanson grecque donc raconte l'histoire d'une fille qui aimerait revoir son amoureux une dernière fois ( une fois, en fait, d'où le titre de la chanson, mais on s'en fiche, j'aurai pu vous dire que ça voulait dire n'importe quoi puisqu'il n'y a pas beaucoup de monde que je connais sachant lire le grec, enfin si c'est le cas vous ne me l'avez jamais dit et sachez que je vous en veux, donc faites semblant de ne pas avoir compris le titre, ou ne me mentionnez pas du tout cet incident et continuez à savoir lire le grec en cachette, espèce de petits lâches. Elle est très longue cette parenthèse non ? ) avant de mourir, ou quelque chose du genre, d'après ce qu'on m'a dit.

Voilà, je viens d'écrire une trentaine de ligne pour dire que j'étais entrain d'écouter une jolie chanson Grecque.
C'est bien, ça m'a permis d'atterrir sur l'histoire de l'alphabet Grec et de réactualiser l'image que j'avais de ces deux chanteuses Russes.
A propos ( pas à propos parce que ça n'a rien à voir, mais il faut que je m'habitue à utiliser ce genre de mots, c'est sophistiqué ), ce matin, alors que je perçai gaiement des circuits imprimés, j'ai levé brusquement la tête, laissant le foret tourbillonner dans le vide et risquer, par le fait, de percer des doigts ou autre chose qui n'a rien à voir avec une plaque de plastique jaune. Je venais de me rendre compte que l'odeur d'un circuit imprimé ressemblait à s'y méprendre à celui que j'ai gardé de mes séjours en Angleterre, c'est totalement troublant et on comprendra que j'ai percé les pastilles restantes à plus de 5mm de différence. Ca m'a remis en tête à quel point l'Angleterre est le plus beau pays du monde et que les anglais ont raison d'être bêtes parfois. Quand on habite au Paradis, ça doit être relativement complexe de continuer à rêver, puisqu'on vit au milieu de ce qu'il y a de mieux. Les rues sentent les frites et on ne vit pas une journée sans voir un tract de groupe underground jouant le soir même dans la cave miteuse d'un pub de banlieue, c'est pas seulement l'idée qu'on s'en fait, dans mes souvenirs c'est vraiment comme ça. En même temps, je parle surtout de Londres, parce que pour ce qui est du miteux, les villes plus au nord se placent là. Toujours est il ( et aussi guimauve que ce soit, autant me donner toutes les excuses maintenant ) quand je pense à Londres, je penses à mes familles d'accueil, aux couchers de soleil déteignant la pollution, aux 'vous vous rendez compte qu'on est en Angleterre' dans le noir avant de s'endormir, aux Fish & Chips taille XXL, à Clemence, à la fois où je m'étais endormie dans le bus, à ce livre que je lisais en marchant et qui ne m'empêchait pas de toujours me rappeler du chemin, A Should I Stay Or Should I Go à la radio à l'instant où on entrait dans la ville, à cet amas de briques rouges que je voyais de l'avion, à Bob Marley qu'on devrait aller voir en concert, à la balançoire qui nous émerveillait, à Miss Strange, aux frites dans le nez, écroulées dans l'escalier, à la première fois où j'ai appris à rouler les 'r', aux sandwichs à l'oeuf, à la fois où on s'est perdues dans le Science Museum, à Alexandre, à West Wickam et Couldson, à l'ambiance si particulière de la première fois où on arrive dans une ville, au petit matin.
Les anglais ont le droit d'être déprimés si ils veulent, ils ont nulle part où aller si ils veulent s'enfuir dans un endroit meilleur.
Et puis n'oublions pas que Pete Doherty est anglais.
Non personne n'a oublié.
Il faudrait que je vérifie mais je crois que je cite son nom dans toutes mes notes.
En fait non, mais j'y pense tout le temps quand j'écris, ça revient au même.

samedi, novembre 26, 2005

'Don't ... lie ... to me ... Potter'


[ Anybody wants tea ?
Anybody, thank you, ah fuck me ]

Dingue, même le serveur qui me fait grâce de cinq centimes devient l'homme de ma vie. Il faut que je me calme.
Hein, hein ?
Hier fût un grand jour ( mis à part le fait que j'ai eu 18 à ma fiche de lecture ) ( il fallait que je le case ) c'est le jour où je me suis rendue au cinéma pour le quatrième pèlerinage Potterien. Les grecs sont vraiment des gens formidables, non seulement ils sortent le film le plus attendu par les 3/4 des occidentaux une semaine avant la France, mais en plus, ce sont les gens les plus triviaux en matière de tenue dans l'enceinte d'un cinéma.
Le contraste est d'autant plus amusant que les places sont numérotées, attribuées et imposées et que les employés sont là pour veiller.
Paradoxalement, il est impossible d'en voir un seul entrer dans la salle sans le fameux paquet de bonbons à la main ( dont le moitié se retrouvera déversée par terre lorsque le film sera fini ) et le téléphone, consciencieusement allumé et à portée de main pour avertir la salle, que oui, ils sont au cinéma, oui, oui ils regardent Harry Potter, que oui, oui ils ramèneront du pain, que oui, que bisous.

Que dire du film sinon ?
Eh bien tout d'abord que je n'ai jamais abordé un film avec tant de chances que ça de l'aimer. Au départ, j'étais partie pour aller voir Oliver Twist. Autrement dit, deux heures de bâillements à compter ses pièces et à regarder l'heure sur mon portable. Ô joie, Harry Potter est bel et bien joué à côté de chez moi ( toutes les heures, dans deux salles à la fois, en fait ) à l'heure parfaite. Autant dire que quand j'ai vu le nom du film sur les jolies petites télés au dessus de la caisse, j'ai fait trois tours sur moi même en gloussant avant de me rendre compte qu'il y en avait d'autres qui faisaient la queue derrière et que je venais de rentrer dans une vieille grecque décolorée. Deuxième raison pour laquelle ce film allait être obligatoirement bien, c'était avant vous, pauvres petits français faibles ! Et en VO, comme vous n'aurez pas tous la chance de le voir, AHAHA, pan dans vos dents !
J'étais totalement déchaînée, et c'est rare que j'agisse comme ça parce que, la plupart du temps, j'ai peur que Pete Doherty se trouve dans la salle et que ça annule toutes mes chances de me marier avec lui. Mais là, rien n'y a fait, je me suis cassée la figure sur tout obstacle possible et imaginable, des chaussures de mon voisin jusqu'aux marches des sièges en passant par le fauteuil devant le marchand de bonbon et mon idiot de sac qui s'accrochait partout où je passais. J'ai même parlé grec, j'ai dit 'vos gueules', j'ai dit 'merci', j'ai dit 'bisous'. Et puis surtout je n'arrêtais pas de me tourner vers la pauvre victime qui m'accompagnait ce soir là pour lui chuchoter 'je suis trop contente' au milieu des scènes les plus déterminantes.
J'ai aussi fait le plein de garçons à admirer, évidemment, le prévisible Cedric Diggory, parfait dans le rôle du garçon parfait, mais aussi, grande révélation, Barty Croutch JR qui a des airs d'Adrian Brody pas dégueulasses. Parcontre il faudrait dire à ce pauvre Daniel Radcliffe de faire quelque chose avec ses sourcils parce que là, ça devient problématique.
Oh et j'ai tout aimé dans ce film, la voix de Croutch, les gradins de la coupe du monde, Mme Maxime, les dragons, les élèves de Durmstrang, Dumbledore qui devient vraiment moins parfait, les jumeaux, les contre-jour, la neige, Voldemort.
Mention spéciale à la fin, à la mort de Cedric et à la réaction du père qui bouleversent vraiment.
Tout est bien mené dans ce film, ça n'est pas comme un de ces films pour enfants où on est guidés, manipulés pour aimer tel personnage et en détester un autre, ici tout est à volonté, comme vous voulez, c'est comme un livre d'image à consommer, à avaler, à incruster dans votre esprit, en profiter le plus longtemps possible, faire ralentir les images par la force de la volonté, regarder partout à la fois et profiter de tout en même temps, sourire, pleurer, ouvrir la bouche vraiment très grand et pas à l'unisson, quand vous voulez, quand c'est votre partie, quand c'est la couche de votre sensibilité qui se réveille et qui tremble, c'est pour ça qu'Harry Potter est si extraordinaire.
C'est juste parce que c'est pour vous.

mardi, novembre 22, 2005

You can even lick your fingers

C'est vraiment très triste de lire autant de bêtises.
Entre les 'Kate Moss est narcissique c'est mal' et les 'Ce disque est mal enregistré, on se fout de notre gueule' j'ai juste envie de demander ce qui ne va pas dans la tête des gens. Envie de demander pourquoi on encense tout ce qui plait, pourquoi dès qu'il se présente un risque d'entrer dans le moule, on se dépêche rapidement d'en sortir avec des arguments de seconde main, pourquoi, pourquoi si l'artiste a fait deux fois la couverture de Closer il faut l'appeler phénomène de foire et oublier tout ce qu'il valait quand c'était encore un -presque- inconnu.
Je m'étonne d'avoir de telles bouffées de haine mais j'estime totalement révoltant de lire des énormités pareilles tous ces cons qui font leur cheminement de groupie et qui, le jour venu, se disent déçus, très déçus j'ai envie de leur lancer leurs disques des Clash à la gueule et de les renvoyer là où la nouveauté ( oui, celle qui implique enregistrements mal foutus et voix fatiguées ) se limite encore à la musique qui se trouve être leur point de référence, bien malheureusement, c'est à dire dans les années soixante dix.
J'ai envie de dire que ceux qui ne supportent pas ce qu'est devenu le rock n'ont qu'une chose à faire, ne pas s'infliger cette souffrance, et ils deviendront ces gens sensés qui choisissent autre chose.

Down In Albion m'a emballée, j'admets volontiers que je n'aurais certainement pas accroché si il n'y avait pas eu les Libertines, si il n'y avait pas eu Pete Doherty mais justement, ils étaient là. J'ai abordé ce disque comme j'ai trouvé le plus sage de le faire, c'est à dire sans rien lire avant, en écrivant mes impression à l'instant même où je découvrais les chansons, avec souvent le sourire. Je n'ai pas eu peur un instant, je ne pouvais pas être déçue. Moi aussi j'ai pensé que toutes les chansons se ressemblaient à la première écoute, mais c'est toujours comme ça. Un album, c'est une pièce brute quand on avance comme ça, sans savoir, on ne peut pas prendre ses marques avant de les retrouver pour une seconde fois, c'est comme quand on regarde un film pour la première fois, c'est impossible de savoir quelle scène on aime tant qu'elle ne nous est pas familière. Cet album m'a intriguée la première fois, enchantée la deuxième et toutes les autres ne sont plus que la seule chose agréable qui me reste à l'heure qu'il est.
On n’en attend pas moins de Pete Doherty, on sent juste que c’est lui qui dirige, que les instruments vont en fonction de lui et pas l’inverse, c’est ça que j’aime, il a une voix qui s’approprie toutes les chansons, en appuyant comme il veut sur les mots qu’il aime, en expédiant ceux qu’il juge sans intérêt, sans jamais trop s’impliquer, sauf quand la phrase en vaut la peine, comme A way to make you toe the line qu’il a l’air d’affectionner tout particulièrement. Ou peut-être qu’il aime juste crier. Cette façon qu’a Pete de dire les mots en tordant la bouche. Pete est devenu indéniablement plus Rock’n’roll, il prouve que le garage, ça va bien deux minutes mais que les grosses guitares, il aime bien aussi, dans mon interprétation inexpérimentée, j’ai toujours vu la musique des Libertines comme un tissu troué où il n’était pas rare d’entendre des blancs et le vrai rock comme quelque chose d’uniforme, de compact, à plusieurs couches toutes superposées de façon à ce que tout s’enchaîne mécaniquement et sans coupures, Pete n’a jamais fait ça mais apparemment il commence à se pencher sur la question.



samedi, novembre 19, 2005

I lost my faith in the summertime cos it don't stop raining [...] but i'm not complaining

[ - Guards ! Make sure the Pince doesn't leave the room until I get him.
-Not to leave the room even if you come and get him.
-No, no, until I come and get him.
-Until you come and get him, we're not to enter the room.
-No, you stay in the room and make sure he doesn't leave.
-And you'll come and get him.
-Right.
-We don't need to do anything apart from stopping him entering the room.
-No, leaving the room.
-Leaving the room, yes.
-All right ?
-If we're...uh...if we're, we're, we--
-Yes ? Look, it's quite simple. You stay here and make sure he doesn't leave the room.
All right ?
- ... Oh, I remember. Can he leave the room with us ?
-No, you just keep him in here and make sure...
-Oh yes ! We'll keep him in here, obviously.
But if he had to leave--
-No. Keep him in here !
-Until you or anyone els--
-Not anyone, just me. Get back.
-Get back
-Right ?
-Right, we'll stay here until you get back.
-And make sure he doesn't leave.
-What !?
-Make sure he doesn't leave.
-The Prince ?
-Yes, make sure he doesn't leave.
-Yes, of course ! I thought you meant him ! It seemed a bit daft me having to guard him when he's a guard.
-Is that clear ?
-Quite clear, no problems.
-Right.

-Where are you going ?
-We're coming with you.
-No, I want you to stay here, and make sure he doesn't leave.
-Oh I see, right. ]



En ce moment, tout le monde tombe amoureux ( preuve irréfutable, si l'on en croit les thermomètres, que le printemps n'a rien à faire là dedans, du reste le printemps est une saison terriblement insolente, elle se ramène, avec ses petits bourgeons bien mis en avant et clame être tout simplement la renaissance de la nature, avec toute la nonchalance du monde. Eh bien moi je vais vous dire, le printemps n'est qu'une petite saison intermédiaire qui ne nous évoque rien d'autres que des pommes dans un arbre. Est-ce que vous avez déjà vu beaucoup de pommiers ( la question pourrait s'arrêter là ) vert fluo portant vaillamment ses cinquante-trois pommes rouge vif cruellement dessinées par un enfant à la main lourde ? Non ? Moi non plus, alors burn out le printemps, il ne sert à rien, il pourra distribuer ses mois aux trois saisons qui restent et le calendrier sera un petit peu plus funky ) ce qui fait que l'autre moitié de tout le monde est aimée par quelqu'un - à moins que cette moitié soit également amoureuse en ce moment, ce qui ferait de cette situation utopique un joli cercle vicieux qui se terminerait en suicide collectif ou quelque chose de tragique où la mort, le sang et les mouvements de foules seraient concernés-. Tenons nous en donc à la moitié qui est amoureuse. Une chose intéressante chez les gens est amoureux, est la façon qu'ils ont de dévoiler leurs plus vicieux travers avec une facilité et un manque de réticence remarquable. Les plus hermétiques à tout ce qui touche de près ( ou de loin ) à l'amour ( ce qui englobe les cartes de St Valentin, les stylos paillettes, les sous-vêtements propres, les raid à Baiser Sauvage pour se réapprovisionner en parfum, une connaissance plus que douteuse de la signification des fleurs et de l'horoscope amoureux ) se mettent à chanter l'intégrale de Robbie Williams en clamant partout que des géraniums leur poussent dans le dos.


[STOP]

Non, en fait je n'ai fait qu'aligner les clichés que j'adorerai voir s'accumuler chez les plus sérieux contre-l'amour. Mais il est vrai que tout le monde est beaucoup plus léger quand il s'agit d'aimer. Les couleurs deviennent plus vives, les mots deviennent plus vivants et ça donne un pschiiit de FLOWER BY KENZO dans le coeur, quand même.
Tout à l'heure, quand je me suis fait cette remarque, je marchai vers ma rue en remarquant que le niveau des mes yeux par rapport à mes pieds avait sérieusement augmenté.

( Je suis une fille qui passe par sa période 'photographe en devenir' et qui prend ses pieds en photo, c'est très mal, si Sofia Coppola me voyait ...)
Donc j'ai grandi. Sensation assez sympathique que je n'avais pas ressenti pendant cette année où j'ai stagné à 1 mètre 56. Maintenant je dois bien faire 1 mètre 57, au moins. C'est grisant, on se sent tout de suite beaucoup plus puissant, comme si on pouvait prendre en photo l'eau de pluie qui ruisselle le long des trottoirs sans que le cliché ne ressemble au final qu'à un trottoir sans intérêt puisque votre appareil photo n'a pas la capacité de prendre la transparence en photo. Bon, je confirme que mon appareil prend toujours des photos nulles, juste, la sensation est assez agréable.
Après m'être rendu compte que j'avais pris un centimètre, je me suis demandé si j'avais dépassé le cap de la réticence à quitter l'enfance et tout ce qui va avec ( en fait j'ai surtout des souvenirs télévisuels, finie l'époque où les vieux se rappelaient les prés et les culottes bouffantes de leur enfance, maintenant c'est Petit petit ours brun, gentil gentil galopin, coquin, coquin, coquin, coquin, il aime bien sa maman, il aime bien son papa, il aime bien sa maman et son papa aussi ). J'ai surtout l'impression que je suis restée infantile super longtemps, et que le changement avec ce que je suis maintenant s'est fait brusquement. Tellement brusquement que j'ai du mal à me reconnaître dans la gamine qu'il semble que j'étais.

Je n'aime pas penser que j'ai vécu des choses qui m'échappent, aussi loin que je me souvienne, j'ai commencé à retenir concrètement les évènements en 1997. Mon Dieu, je n'ai que 9 ans de mémoire.
J'ai vu Live Forever le documentaire sur la Brit Pop des années 90 et j'ai redécouvert tellement de chansons et d'émotions que je me suis demandé ce que je faisais avec les disques des Sex Pistols et de Marylin Manson sur mes étagères, au point où j'en suis, je me demande même si toute cette violence me plait tellement plus que Liam Gallagher. Si je m'étais créé une personnalité et des goûts pour les besoins du moment, si ma vraie facette se trouvait dans d'autres guitares que les vieux machins saturés de ces messieurs les punks.
Ou si je suis juste simplement capable de passer de Lorie à Palcebo à Manson à Sum 41 à Green Day à Manu Chao aux Sex Pistols au Velvet Underground à Blur aux Clash en moins de deux ans.
Oui, c'est plutôt ça.



MY LIFE IS ON A WALL, ISN'T IT WEIRD ?


1. Leonardo Di Caprio dans l'excellent Aviator, 2. Jolie affiche pour joli Charlie Et La Chocolaterie, 3. Pete Doherty, 4. Deux belles photos de Green Day que je me permets d'aimer parce qu'avant tout, Billie-Joe a un physique photogénique, 5. Quentin Tarantino, si ça lui chante, 6. Affreuse page de Public ( et oui, j'achète ça quand le prends l'avion, c'est très mal ) qui annonce le mariage de Pete Doherty et Kate Moss, 7. Cartes Sex Pistols achetées dans le très intéressant magasin de disques underground à Athènes ( ça c'était pour souligner que je connais les plus inconnus des disquaires européens ), 8. Dessin de moi, 9. Edward Norton, Brian Molko et le batteur des Strokes, juste parce que je le trouvais beau, 10. Une carte vaseuse en grec du Château Ambulant, 11. Bob L'Eponge, 12. Le reste de mon mur.

Encore quelques notes comme ça et ma vie n'aura plus aucun secret pour personne.

vendredi, novembre 18, 2005

A way to make you toe the line


[ - Crucifixion?
-Yes.
-Good. Out of the door, line on the left, one cross each.
-Crucifixion?
-Er, no, freedom actually.
-What?
-Yeah, they said I hadn't done anything and I could go and live on an island somewhere.
-Oh I say, that's very nice. Well, off you go then.
-No, I'm just pulling your leg, it's crucifixion really.
- Oh yes, very good. Well...
-Yes I know, out of the door, one cross each, line on the left. ]

En fait je suis géniale parce que c'est quand j'ai le moins de choses à dire que je dis le plus de choses, trop forte.
Sauf que là je n'ai réellement rien à dire et je ne dis vraiment rien.

Parce que là j'ai les doigts qui tremblent d'envie d'écrire que j'ai vu Georges ce matin, ils crèvent d'écrire que j'étais assise sur un banc entrain de lire et que quand j'ai levé les yeux il était devant moi et que j'ai cru m'évanouir de joie. Ils ont en même temps moyennement envie de taper qu'il a mis la main sur le genou d'une fille et qu'il s'est assis à côté d'elle avant de se pencher sur ce qu'elle était entrain d'écrire et que j'ai passé les 20 minutes qui ont suivi à lever la tête à intervalles régulières pour profiter de la beauté de Yiorgooos tout en n'ayant pas l'air trop accro. Parce que mes doigts se retiennent de tapoter que quand on observe quelqu'un, on se soucie toujours de savoir si il nous a remarqué alors qu'au final ce sont les autres qui le remarquent le plus et qu'on passe pour une psychopathe à photocopier la photo magique et à hurler dans tout le CDI qu'on a oublié l'originale dans la photocopieuse sous les yeux du monsieur-qui-s'occupe-du-CDI tenant une étrange feuille à la main en se disant sûrement que cette jeune fille qui photocopie les photos des terminales au collège doit être bien dérangée. Mais comme j'avais dit que Georges ne serait plus cité dans ce blog, le paragraphe qui vient d'être lu n'est pas, il n'a pas lieu d'être et vous ne l'avez pas lu. Georges est très beau.

Eriiiic

mercredi, novembre 16, 2005

'I open my eyes'...then I don't know

[- Dr Frankestein ?
-Fronkonsteen.
-You're putting me on.
-No, it's pronounced Fronkonsteen.
-Ah, do you also say Frodorick ?
-No. Frederick.
-Well, why isn't it Frodorick Fronkonsteen ?
-It isn't. It's Frederick Fronkonsteen.
-I see.
-You must be Igor.
-No it's pronounced Aï-gor.
-But they told me it was Igor.
-Well, they were wrong then, weren't they ? ]

Il y a un affreux gros problème. Si je veux continuer à parler de ma vie ici, on devra renommer ce blog 'In Any Case, Answer Georges' car ma vie se résume à admirer Georges, à guetter Georges à chaque coin de couloir, à écouter Georges chanter, à faillir s'évanouir devant la perfection de Georges, ce qui serait gênant car je devrais rapidement migrer sur Skyblog qui répondrait mieux à mes attentes, ce qui, au bout de 5 notes tiendrait de l'échec, donc je clôture la page Georges.

( Juste ici, hein, moi je suis encore super amoureuse )

Alors que j'étais entrain de rajouter en tout petit qu'est-ce qu'il est beau il a fallu me rendre à l'évidence, je ne peux pas mettre à la porte ce pauvre Yiorgos avec une simple photo. Pour me sevrer lentement je dois ouvrir un débat chez mes neurones. Est-ce que le physique est très important ?

Il ne fait aucun doute que ceux qui me connaissent savent que je dis 'C'est le plus beau garçon que j'ai jamais vu' environ quinze fois par jour et à chaque fois pour quelqu'un de différent ce qui fait techniquement de moi, une fille superficielle. Mais qu'est-ce que la superficialité ? Tout à l'heure, en rentrant du lycée, alors que je cherchais dans mon cartable l'appareil photo que je n'avais pas osé allumer pendant toute la durée du trajet de peur qu'on me trouve...superficielle ( mon état était donc proche de l'hystérie ), j'ai essayé d'ébaucher le raisonnement qui me révèlera aux yeux du monde comme quelqu'un de profond et de tolérant, voilà ce que j'ai pensé ( les neurones tenaient le micro, j'ai aussi un neurone preneur de son ).

C'est évident que je ne m'intéresse pas aux êtres simplement beaux. Mais j'aime la beauté, pas juste les beaux. Si un beau est intelligent, c'est parfait, mais parallèlement, l'intelligence toute seule, ça va bien cinq minutes mais est-ce que je peux tomber amoureuse d'un garçon seulement intelligent ?

Donc ça ressemble mot pour mot à ce qu'on nous répète depuis la maternelle, c'est l'intérieur qui compte, la beauté n'est pas importante, mais si madame, ça compte quand même le physique, c'est la première chose qu'on voit, mais oui mon enfant, néanmoins il faut savoir aller au delà des apparences...C'est surtout incroyablement con ce discours que je tiens sur la beauté, j'ai envie de cracher dessus, mais c'est important de l'écrire, comme ça dans quelques années, je me rendrai compte à quel point j'ai pu être bête et ma biographie s'écrira d'elle même.

Ca m'a fait penser à l'identité remarquable ( j'avais maths en dernière heure, pardon )

( a + b )² = a² + 2ab + b²

a c'est l'intérieur, b c'est l'extérieur, et moi je veux 2ab. En même temps, c'est comme tout le monde, le jour où quelqu'un vous dira qu'il n'aime que les moches, vous saurez que c'est un imbécile qui ne sort que des énormités pour se démarquer et qu'il faut rapidement

  • le taper
  • le fuir
  • devenir moche si il se trouve que c'est Pete Doherty et que vous avez envie de vous marier avec lui

Je suis peut-être une bécasse, mais je trouve ça rassurant de regarder quelqu'un de beau.

Alors oui 2ab.

YOU'RE BEAUTIFUUUL

Le classement de ceux que vous pouvez aimer parce que je les aime aussi et que j'ai dit que c'était pas interdit de les aimer parce que de toute façon si on vous dit que vous avez pas le droit de les aimer, vous criez à la censure et vous demandez très bruyamment si la personne pense sérieusement qu'on est sous dictature et qu'on peut nous empêcher de trouver que Bob l'éponge est sexy.


lundi, novembre 14, 2005

Vicious, you hit me with a flower

[ The walls were solid concrete.
A foot of concrete is important when your next door neighbour has to watch game shows at full volume.
Or when a volcanic blast of debris that used to be your personal effects blows out your windows and sails flaming into the night. ]

Sortir d'un assommant cours de musique et suivre les amplis jusqu'au hall où les guitares sont toutes plus belles les unes que les autres et où les garçons ne sont pas mal non plus. Se rentre compte que c'est Georges qui chante et s'accrocher à tout ce qui bouge dans une attitude de groupie désespérée en poussant gémissements et couinements voulant certainement dire dans un langage moins primal 'Mon Dieu, c'est l'homme le plus beau que j'aie eu l'occasion d'avoir en face de moi' et encore, c'est pas plus brillant que les cris d'animaux. Mais on a beau réfléchir et pousser nos doigts agiles dans les plus profonds retranchements de notre intelligence, rien de sensé ne peut sortir d'une admiration adolescente.

Le contexte du jeudi est simple, je sors d'une crise de tachycardie sympathique et je me prépare une extinction de voix à force d'avoir hurlé de toute l'hystérie dont je suis capable 'A moiii !' quand les très intéressants lycéens prennent possession du terrain. Que les choses soient claires, il n'y a pas que moi, promis. J'en ai vu deux autres qui restaient assises vingt minutes sur les gradins ( il faut avoir rempli votre bouteille avant parce que c'est au sacrifice de la pause robinet que nous restons là à les admirer ). Impossibilité totale de m'arracher d'autres mots que Putain, il est trop beau pendant la durée de l'observation. C'est follement superficiel et indigne d'une jeune fille raffinée mais il est mortellement vrai qu'on a rarement fait mieux que Georges.
Georges est grec, Georges est mince, Georges court très vite et parle un français qui vous donne envie de devenir grec. Le plus important de tout, Georges a mis un point d'honneur à changer de tee-shirt quand il s'agit de jouer au foot, c'est un garçon très propre. Le plus important dans tout ça c'est que Georges n' a aucune pudeur et qu'il se change là, ici, où je suis.
Il faut avoir beaucoup de dextérité pour savourer ce moment sans passer pour un pervers, il y a deux méthodes à adopter :
  • Les coups d'oeil furtifs. Il faut mettre votre poing sur votre menton de façon à passer pour quelqu'un de très pensif qui observe les gens vivre, le risque se trouve dans la difficulté de regarder latéralement, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais ça fait mal et il serait dommage que votre nerf optique se déchire, que vos globes oculaires se détachent et tombent dans leurs orbites telles des balles de tennis dans des compartiments trop grands rien que pour admirer le torse de Georges.
  • Le cartable, il faut avoir pris soin de poser votre cartable du côté où Georges s'assoit de façon à ne pas le déplacer au moment où il arrivera. Mesurez bien votre temps d'action, dès que le garçon commence à sortir son maillot du sac, tournez vous et faites mine de chercher une bouteille d'eau dans votre cartable, attrapez la bouteille et -si vous avez bien calculé- vous devriez lever la tête au moment où le ventre apparaît aux yeux du monde, continuer à boire tout en dirigeant votre regard vers Georges et attendez qu'il aie fini pour reposer la bouteille parce que parfois les cheveux longs du spécimen restent coincés dans le col et la façon dont il lui faut les dégager n'est pas à rater ( lors de la manoeuvre, pensez bien à boire pour de vrai car si vous omettez ce détail, Georges risque de penser que vous êtes atteinte de potomanie lorsque viendra le moment où la bouteille refera son apparition, ce qui risque sérieusement de nuire à vos chance de mariage avec lui - partons du principe qu'il n'aime pas ça- )

Après ce grand moment d'émotion, Georges s'élance sur le terrain, les cheveux au vent. C'est le moment de remarquer qu'il a des jambes incroyablement musclées, détail que vous n'aviez jamais jugé important avant mais qui, sur Georges, vaut tous les cheveux longs du mondes ( je dis ça parce que Georges a les cheveux longs en même temps ). Dans la suite naturelle des choses, vous trouvez que George court très vite et que c'est incontestablement celui qui joue le mieux au football. Vous le suivez des yeux et vous vous rendez compte que la barbe rend incroyablement sexy malgré ce que vous pensiez jusqu'à maintenant.

Retour dans le hall, Georges chante encore. Vous jetez des coups d'oeil interrogatifs pour voir si tout le monde le trouve aussi extraordinairement exceptionnel que vous. La plupart de ces marauds sont entrain de discuter, blasphème, vous vous dites. Vous aimez tout chez Georges, sa guitare, son pied droit, sa mâchoire, sa voix, sa ressemblance frappante avec l'avant dernière représentation de l'homme dans les tableaux de l'évolution, son bouzouki, ses sourcils, sa gentillesse présumée, son pull blanc, ses mollets, sa moustache, sa faculté à se trouver plus souvent sur votre chemin ces derniers jours, son professeur du vendredi après midi qui a eu la bonne idée de faire son cours juste à côté du votre.

Je ne mentionne pas ces filles qui tournent autour du sublimissime Georges, ça gâche tout.

LA DA DUM DA DA


Attention, le sujet qui divise. Pete Doherty est-il le sauveur du rock'n'roll ou un couillon d'opportuniste qui débarque avec ses textes pseudos poétiques et ses 'oh oh oh' affolants ?

Commençons par le point qui réunit les moins compliqués. Pete Doherty est beau.

Un instant, je ferme la porte de musicophiles enragés qui brandissent des cartes CONCERT OU DEFILES, IL FAUT CHOISIR le temps de parler de Pete.

Pour les mêmes raisons que celles qui concernent Georges, il y a impossibilité intellectuelle de faire une description de Pete Doherty sans tomber dans les comparaisons divines. Il cumule toutes les caractéristiques du mignon petit rocker britannique ( image bien exploitée grâce à l'Union Jack porté en bandoulière lors de ses derniers concerts ) avec la fameuse coupe de cheveux noirs tombant négligemment sur les yeux, l'air endormi et les vestes en cuir. C'est un piège de tomber la dedans parce que vous arriverez à un point où n'importe quel homme, du moment où il sera anglais, brun et shooté, vous paraîtrait comme le messie. Donc il ne faut pas aimer Pete pour ça, il faut l'aimer pour ses détails moins beaux. Pour ses joues gonflées et son affreux tatouage de sirène, pour ses yeux globuleux et sa maigreur affolante alternant avec des bourrelets tout ce qu'il y a de moins attirants. Vous serez déjà beaucoup moins dans le move et on vous laisserait tranquille avec vos tendances groupies.

Pete est beau, donc.

Maintenant, plus grave, est-ce que Pete fait de la bonne musique ?

Quand on écoute Killamangiro, on serait méchamment tenté de dire oui ( il faut dire que ses 'oh oh oh', il les dit à merveille ). Ce n'est pas que ce garçon ait une voix totalement bouleversante qui fait passer de multiples émotions, qui vient du coeur et qui change votre vie. Non, ça ça vaut pour les moches, on ne peut pas avoir les deux, voyons les choses en face. Il n'empêche que Pete se rattrape relativement bien avec la certaine nonchalance avec laquelle il débite des paroles souvent à un rythme peu supportable pour les plus de 30 ans. Il n'a pas l'excuse de la haine d'une génération qui bouillonne comme Johnny Rotten qui est passé à travers les mailles du filet pour cause de contexte politique appelant à n'importe quelle forme de nouveauté tant qu'elle disait le mécontentement des anglais. Bon, peut-être que Pete l'a, sa haine, mais à ce moment là, ça ne nous regarde que moyennement et ça n'excuse pas son manque de talent. Carl Barât chante mieux, du reste.

Le problème de la voix, c'est bon, Pete n'est ni génial, ni pourri, voilà.

La musique ( j'ouvre à nouveau la porte : LES ANNEES SOIXANTE DIX C'EST DEJA PASSE, je la referme ), oui, Pete Doherty fait du réchauffé. Pour moi, qui suis née en 1991, c'est compliqué de comprendre cette haine que les plus vieux vouent à ces groupes qui refont ce qu'on a déjà fait. Pour moi, la musique, c'est avant tout le plus grand plaisir qu'on puisse s'offrir, et je trouve ça terriblement injuste qu'on ne puisse pas avoir droit, nous aussi, à nos chansons de légende, dans les années que nous vivons, même si les Franz Ferdinand ressemblent beaucoup aux Beatles, je ne vois pas où est le mal. Maintenant il est vrai que pour ceux qui voient ça comme de la culture, exclusivement, la recherche de nouveauté interdit de s'attarder sur ce genre de groupes qui exploitent le filon du chef d'oeuvre jusqu'à l'user. En fait je trouve ça tellement encourageant que des mecs nés autour de 1975 vivent encore dans l'espoir que ça peut changer le monde, qu'il n'est pas envisageable que je leur crache à la gueule en leur reprochant de tout faire comme leurs pères. Disons que ce sont les derniers survivants ( même si ils ne les ont pas vécu, voyons ça sous l'angle spiiirituel ) de ces années où tout le monde écoutait de la musique et qu'ils maintiennent la flamme encore un petit moment histoire que ça ne se perde pas parmi les Bloc Party et autres, qui font certes, quelque chose d'un poil différent, mais qui ne valent rien, que ce soit sur le plan de la nouveauté ou de l'hommage.

Pete est comme ça et il crie en plus.

Il est parfait.

dimanche, novembre 13, 2005

Love in the UK

[ Dear Mrs Something,
I must tell you that I have totally forgotten the book this week because of my obsession for an English singer who made me feel I could read all the English books in less than a day. Then I became sick and in front of my impossibility to go to the library, I decided to bring Harry Potter, the only book I've ever read in English.
Another problem came.
I was totally drowned by a French book trying to let down my addiction for that guilty singer and I had to choose, this morning, which one I was going to bring.
They are unbelievably heavy and I couldn't think of bring them together today. I was very confuse but when I have a passion, I can't get it off of my school bag, especially if I have to comparate it with a book where Dumbledore dies ! I couldn't do it to my heart.
But i swear I will choose the best book in the CDI to bring it at the next lesson.
I sincerly apologize, but after all, that's the fault of Pete Doherty and Anna Gavalda.
Anything ]


Les canards sont des créatures fascinantes.
Ils vivent leur vie en ouvrant de temps à autre le bec pour lâcher un 'coin' histoire de montrer qu'ils sont là, ils vont chercher la nourriture jusque dans la bouche de leurs camarades, tentent de s'enfuir avec une détermination remarquable quand on sait qu'une horde de canards déchaînés se sont lancés à sa poursuite. Ils font un tour du stade, la proie du vainqueur toujours dans le bec, lequel détourne les pièges des jaloux, retourne tremper le bout de pain déni dans l'eau pour le ramollir et l'avaler en deux claquements de bec.
J'adore les canards, ils me font penser à des chats. Avec les oreilles en moins, un bec, des horribles pattes oranges et des plumes en plus. Ce matin, j'en ai vu quelques uns se battre pour des petits lus lancés par des enfants qui se rétamaient joyeusement par terre, ce sont des animaux très intelligents.
Déjà ils marchent avec des palmes, aucun humain n'est capable de faire sans écoper d'un air idiot et d'une réputation peu enviable [ + 1 ]. Ils n'ont qu'un seul mot de vocabulaire, le très sexy 'coin' qui a l'avantage d'éviter les fautes de syntaxe et les lapsus [ + 1 ]. Ils transportent leur petit corps rubicond sur deux pattes fines tout en se dandinant très sensuellement [ + 1 ]. Ils ont l'instinct guerrier et sont prêts aux pires bassesses pour le pop-corn du dimanche [ + 1 ] Ils exercent apparemment une séduction remarquable car leur petite marre turquoise est l'attraction du week-end pour tout bon grec qui se respecte, même l'autruche n'as pas autant de succès [ + 1 ]. Ils se marient parfaitement avec la voix de Joe Strummer ce qui n'est pas à négliger quand vous avez prévu une écoute intensive de London Calling parmis eux [ + 1 ]. Ils sont très accueillants et partagent volontiers leur foyer avec les pigeons et les moineaux qui passent après la bataille pour chercher des miettes oubliées [ + 1 ]. Ils ont quand même découvert que l'eau ramollissait le pain et appliquent la technique au quotidien, ce qui n'est pas le cas du bébé x ou y qui mordrait dans un caillou si on le lui tendait enrubanné [ + 1 ].
J'aime beaucoup les canards, et les tortues.


I WOULD SAY I'M SORRY IF I THOUGHT THAT IT WOULD CHANGE YOUR MIND
Hilary Swank a fait quelque chose d'autre avant le très populaire Million Dollars Baby, quelque chose que les gentilles critiques trouveraient décadent et exhibitionniste, quelque chose qui ferait peur et qui ne serait sans doute pas compris. Quelque chose qui en a bouleversé plus d'un et qui m'a beaucoup fait pleurer. Quelque chose qui s'appelle Boys Don't Cry et qui fait pleurer les garçons.


La première chose qui vient à l'esprit quand on a vu le film c'est 'Mon Dieu, je ne souhaite ça à personne'. Trop tard, ce film est tiré d'un fait divers. Dans d'autres circonstances, il ne fait aucun doute que ce film m'aurait fait peur à moi aussi, cette fille, ce garçon, pas trop moyen de savoir si on trouve ça déraisonnable ou follement beau. Qu'est-ce que ça fait de savoir qu'on n'a pas le bon sexe ? La sensation doit être étrange. Et le courage qu'il faut pour passer de l'autre côté dépasse mon entendement. Je me suis déjà dit que j'aurai bien aimé être un garçon pour jouer au foot sans être reléguée à la défense et n'avoir pas le droit de bouger sans me faire insulter par le reste de l'équipe, ou quand je réalise que les garçons sont en général plus drôles que les femmes, mais jamais, sérieusement, j'ai envisagé l'idée de me faire couper les cheveux, Teena, si. Teena a un visage masculin apparemment, parce que personne ne se rend compte de rien, elle compresse sa poitrine dans des bandes tous les matins avant de rajouter une paire de chaussettes là où le doute ne doit pas risquer d'avoir sa place. Teena tombe très amoureuse et c'est réciproque. L'Amérique n'est vraiment pas belle dans ce coin du film, la seule frustration qui émane de tout ça, c'est de ne pas être là où la ville est à la hauteur d'un amour comme ça. Elles s'en rendent compte aussi, elles méritent mieux.

Mais il y a toujours quelqu'un pour vous empêcher d'être heureux, c'est la loi, c'est comme ça, si on est heureux, le malheur devient mortel, la demi mesure est là pour vous protéger, alors soyez en sûr, jamais vous ne serez heureux et jamais vous n'aurez ce que vous voudrez.

Teena l'a eu, malheureusement pour elle.

Incontestablement un des films les plus fantastiques que j'ai vu.



Ca, c'est quand je pleure sur mon oreiller, je fais pas les choses à moitié. Je suis triste, là.

samedi, novembre 12, 2005

Watch out, the world's behind you

[-Are you having fun at the moment ?
-You kidding... no, I’m not having fun at all
-Where would you like to be right now ?
-Under the ground
-Are you serious ?
-Oh yeah ]


Hier, j'ai regardé le film le plus inconsistent et inutile qu'il m'ait été donné d'avoir entre les mains, Sleepover, un film certainement pas sorti en France tellement même les distributeurs les plus inconscients ont dû le trouver bouseux. Ca raconte l'histoire de Julie. L'année prochaine, Julie va rentrer au lycée, son amie Hannah déménage à Vancouvert, ça pue tout le monde est triste. Julie décide de faire une super soirée pyjama le soir de la sortie des cours, elle invite Staci, mais Staci ne vient pas, à la place elle invite la grosse Yanci ( au final un garçon tombe amoureux d'elle, les gros au pouvoir ! ). Staci de son côté se voit dans l'obilgation de fuir la voiture de son copain ( je connais pas son nom mais ça doit être Jason ou Ryan ) qui veut la hook up, Staci, en bonne méchante de service, se rend chez Julie à qui elle impose une pari 'Voilà une liste de choses totalement débiles à faire, si tu réussis, tu manges pas à la table des loosers l'année prochaine, mais n'oublie pas, ça va conditionner toute ta vie parce que si tu finis par manger à la table à côté des poubelles, tu mourras rongée par les vers, hihi !' .
Juie accepte, Julie fait des choses mal, son frère est un débile profond, sa mère est une bonne mère, la musique est sortie tout droit des derniers disques de Simple Plan et autres joyeuseries.
Eh bien ce film m'a fait le même effet que Requiem For A Dream.
A 22:48 précises, mon corps s'est mis à trembler. Vraiment. Plus moyen de tenir sur mes jambes, plus moyen de rester en place. Tu passes trop de temps devant cet ordinateur, j'ai toujours eu très peur de l'épilepsie, et ça m'a donné l'occasion de faire le point hebdomadaire sur ma vie. La plupart du temps, il en ressort que c'est de la merde.
Hier aussi, pas d'exception le 11 novembre comme dirait personne.
Et hier j'en ai aussi fait profiter quelqu'un d'autre.

Hé mais c'est peut-être ça le pire. Quand on est très triste, on a envie que quelqu'un soit là pour nous écouter et toutes ces conneries. Mais quand vient le moment tant attendu où il y a effectivement quelqu'un, on se met à enchaîner des lamentations qui ressemblent plus à du 'Je suis pitoyaaable, ma vie est un enfeeeer, je suis une malade mentaaaale, au secouuurs je suis pathétiiiique' qu'à un bilan clair et concis sur une vie relativement merdique. Il y a une très joli palette de l'auto dénigrement, pitoyable, pathétique, affligeant, misérable, lamentable, tous ces mots formidables donnent envie d'être malheureux plus souvent non ?

Raconter sa vie, par essence, c'est se croire assez intéressant pour que les gens soient concernés par ce qu'on leur raconte. Ecrire sa biographie, c'est juger sa vie assez fascinante pour en faire profiter tout le monde. Parfois j'ai des éclairs, comme ça, on vit tous par rapport aux autres. On écoute la musique d'autres personnes, on achète des choses à d'autres personnes, on se confie à d'autres personnes. Paradoxalement, tout ça est une histoire d'égoïsme, on se marie à quelqu'un parce qu'il nous aime, on se marie avec le miroir de notre autosatisfaction et au fond, je n'arrive pas à savoir si c'est terriblement triste ou si c'est juste comme ça.

Don. gros mer.i à toi, même si tu t'en fi..es, il y a que toi qui fait mine de s'y intéresser.

THE FILTH & THE FURY

Un jour, une fille très bien qui s'appelle Emilie s'est mis en tête d'injecter des mp3 par dizaines dans les profondeurs de ma boîte électronique. Peut-être l'idée la plus sensée de cette dernière décennie. Le tout premier fût un certain I Wanna Be Sedated bien sympathique, le second fût donc un certain God Save The Queen bien plus que sympathique. Ca continue depuis, mais celui là, ce deuxième mp3, il est resté rangé un petit moment dans un coin de ma réserve affective ( pour vous situer, ça se trouve dans l'hémisphère nord-est, coincé entre la Dance Hall des idoles et les conteneurs de larmes ). Entre temps, ma mère m'offrait la figurine de Sid Vicious, dans le cadre de mon inculture à cette époque, je me figurais que c'était un ennuyeux contemporain d'Elvis, je remerciai poliment ma mère et plaçai Sid à la droite d'Edward en me demandant la meilleure façon de le faire disparaître dans les plus brefs délais. Arriva l'été 2005 qui fut le plus fructueux jusqu'à maintenant, à l'aéroport d'Athènes, en voulant terriblement à ma mère de nous avoir fait partir à 1 heure du matin pour un avion qui décollait à 6 heures, je m'exilai au disquaire de l'aéroport où j'acquis un disque des Ramones dont je trouvai la jaquette tellement laide que je mis à l'aimer instantanément. Quelques mois plus tard, la fabuleuse Emilie m'offrit un livre sur les Sex Pistols, à partir de ce jour, et pendant les deux semaines qui devaient suivre, je me mis à écouter les quelques chansons éparpillées que j'avais pris soin d'emporter ( sans doute un sentiment prémonitoire ), à sonder les mystères des dents de Johnny Rotten, à élaborer des bande-dessinées sur Sid Vicious, été très plaisant pour mon père, donc, qui se persuadait un peu plus chaque jour que sa fille devenait punk, qu'elle avait échappé à Marylin Manson mais que ce n'était que partie remise, qu'elle finirait avec une épingle dans le nez et une seringue dans le bras.
Dernière étape de mon cheminement franchie il y a deux semaines avec l'achat de Nevermind The Bollocks.
He doesn’t create me ! I AM me, that’s a difference.
J'aime les Sex Pistols, j'aime la voix d'ado de Johnny Rotten ( j'aime ses dents, ses cheveux, la façon dont il dit You're funny aha ) j'aime le cadenas de Sid Vicious ( j'aime feu ses cheveux, feu ses avant bras, feu son accent, son air triste quand il dit la citation du début ) j'aime l'inutilité des trois autres ( j'aime leurs airs de beaufs, j'aime leurs noms insupportables, j'aime leurs habits de fillettes ).
J'aime Sub-mission, j'aime Liar, j'aime Lonely Boy, j'aime Pretty Vacant, j'aime Holiday In The Sun, j'aime les autres aussi.

jeudi, novembre 10, 2005

Maybe, maybe, maybe

[- I Still have these dreams, Doctor, and I still can't stop believing them.
-I've told you, Mr Hoffstedder, to believe in dreams is a manifestation of insanity. The sooner you'll accept it, the sooner you'll get well.
-I dreamed the archangel whispered into my ears where to find the Golden Ticket.
-What did he say ?
-What difference does that make, you said-
-Shut up and tell me where the ticket is ! ]
A midi, il se pose une très grande question dans les couloirs du lycée franco hellénique d'Athènes : Ou allons nous manger ? Il se trouve que les réponses se séparent en trois groupes bien distincts.
-A la terrasse, c'est évident, il y a tout le monde.
-A la cantine, c'est évident, il y a moins d'attente.
-Ma mère m'a préparé mon repas, j'en ai rien à foutre, en haut ou en bas, je peux même aller sur le terrain de foot pour regarder les beaux grecs s'entraîner.
C'est alors une guerre acharnée dans les groupes où les deux premières espèces sont représentées.
-On mange à la cantine aujourd'hui ?
-Non à la terrasse.
-Allez..
-Non à la terrasse.
Le dialogue pourrait très bien s'arrêter là si j'étais une suiveuse, mais pas de chance, je ne suis pas du genre à attendre quarante cinq minutes dans le brouaha d'une pièce qui transpire l'huile et les cris d'enfants enragés pour finir par avaler de la feta fourrée dans un pain qui suinte le beurre. Je suis donc une partisane de la cantine, aujourd'hui, grande nouveauté, je n'ai attendu personne pour manger avec moi, et vous savez quoi ? Je ne me suis même pas sentie pitoyable.
Après avoir fini ( je zappe le moment où j'enlève les tomates du sandwich ), j'entre dans la dimension CDI. Le CDI, l'endroit le plus sensé de ce lycée, l'endroit où les archives sont accessibles par n'importe quel élève, sans permission, sans raison, l'endroit où sont répertoriés, dans de gros rangements en plastique, les anciens numéro de Première. Personnellement, je préfère Ciné Live, mais c'est leur problème après tout.
C'est l'occasion de renouer chaque jour avec une des plus fantastiques inventions de l'Homme ( hommes qui étaient lyonnais, je le rappelle ) et de dresser cette liste des films qui m'ont le plus marquée. Pas ceux que j'ai préféré, même si j'ai aimé tout ceux qui sont là, ceux qui m'ont assommée pendant plus ou moins de temps, qui m'ont poussée à en savoir plus, il se trouve que, par le fruit du hasard, ces films vont toujours par deux.
  • Closer
  • Eternal Sunshine Of The Spotless Mind

  • Le Magicien d'Oz
  • Charlie Et La Chocolaterie ( version de 1971, j'ai adoré la nouvelle, mais l'autre compte plus )

  • Requiem For A Dream
  • American History X

  • Fight Club
  • Pulp Fiction

ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND

Ce film me met dans tous mes états. Dès que j'ai l'occasion d'en parler, je m'emballe, j'en fais des éloges invraisemblables, j'aurais envie que tout le monde sache que c'est le plus beau film sur l'amour que j'ai jamais vu, et puis je réalise que les gens s'en fichent, que pour eux c'en est un autre. Que celui là, ouais, Jim Carrey, bon, personnellement je préfère ... Mais ça ne suffit pas à me calmer, je fais tout un tas de projets, faire une ode à Michel Gondry, teindre mes cheveux en orange, acheter la même lampe que Jim Carrey parce que ce film me met dans tous mes états.

L'image à retenir, c'est Joel, conduisant sa voiture d'une main, l'autre sur sa bouche, retournée, le visage littéralement décomposé par les larmes alors que sa radio crache everybody gotta learn sometime. Cette scène est tellement puissante, on dirait qu'après la voir vue ( ou même pendant, pour les plus réactifs ) vous êtes propulsés un étage au dessus des autres, que vous êtes préparé à tout comprendre différemment. Vous comprenez mieux pourquoi Clémentine et Joel s'aiment, pourquoi Clémentine et Joel ne s'aiment plus, pourquoi Clémentine et Joel retombent amoureux et pourquoi Clémentine et Joel sont faits l'un pour l'autre, de toute façon. Vous comprenez pourquoi la plus grande réussite, c'est les scènes de plage sous la neige pourquoi les cheveux de Clémentine qui entrent dans le champ alors que tout était parfaitement préparé pour être une scène douce, c'est ça la vraie beauté. Vous comprenez pourquoi Kirsten Dunst, Mark Ruffalo et Elijah Wood sont là, pourquoi ils sont parfaitement plantés dans leur rôle et pourquoi le moindre de leur clignement d'oeil est le même que celui que ferait leur personnage. Vous comprenez pourquoi aucune pétition pour désintégrer Michel Gondry et son accent anglais n'a encore été mise en place. Vous comprenez pourquoi des réalisateurs comme ça, qui savent prélever l'essence de ce qui est beau, on doit les garder en vie.

Vous comprendrez peut être aussi pourquoi on tombe amoureux et pourquoi on a envie de tout trouver magnifique quand c'est le cas. Vous comprendrez même que l'amour, c'est guimauve seulement quand on est pas amoureux.

mercredi, novembre 09, 2005

Does anyone know you are going this way ?

[ So, so you think you can tell Heaven from Hell, blue skies from pain. Can you tell a green field from a cold steel rail? A smile from a veil? Do you think you can tell? And did they get you to trade your heroes for ghosts? Hot ashes for trees? Hot air for a cool breeze? Cold comfort for change? And did you exchange a walk on part in the war for a lead role in a
cage? How I wish, how I wish you were here. We're just two
lost souls swimming in a fish bowl, year after year,
Running over the same old ground. What have you
found? The same old fears. Wish you were here. ]

Il y a certains mots positivement hideux comme 'faible'. Si il y avait un concours des mots les plus gerbant de la langues française, je crois que 'faible' serait assis en tailleur en haut du podium, une couronne sur le point de son i et des bouquets suspendus aux branches du x. Il appellerait ses amis 'fragile' et 'souffrir', ils sortiraient du palais des congrès en riant aux larmes, une bouteille de Vodka à la main et s'en iraient faire la fête toute la nuit en pensant à tous les mots honnêtes qui dorment bien droit dans leur lit, la tête posée sur un oreiller qui sent bon.

En fait peut-être que l'auto-estime est un grand sapin. Oui, un sapin, vert avec plein d'épines solidement plantées. Alors considérez que dès que vous utilisez un de ces horribles mots, votre sapin perd une épine, votre auto-estime perd un peu plus de sa raison d'être et un jour vous vous retrouvez avec un tronc gelé, tout nu, en plein milieu de votre salon. Vous vous demanderez ce que vous devez en faire mais celui là, on peut pas le mettre sur son palier. Il faut aller au magasin d'épines qui se trouve très loin de chez vous, il faut acheter des épines artificielles de première qualité, de la colle et des vitamines qui coûtent très cher, il faut revenir chez vous, vous êtes chargés et ça prend encore plus de temps, puis vous collez une à une les petites épines après les avoir sorties de leur emballage individuel.

Mon sapin, il n'a plus d'épines depuis un petit moment mais je sais pas si c'est parce que j'ai trop abusé des mots qui puent. Non en fait j'ai dû perdre un cinquième de mes épines à cause de ça. C'est vrai que j'avais envie d'arracher mes ongles un à un, des les coller à l'envers sur les mauvais doigts, de les exposer au soleil pour attendre qu'il pourrissent quand j'utilisais ces mots, mais non, c'est pas ça. Hier soir, ma mère a fait une crise à propos de mon père. Well, c'est plutôt banal, quand on est adulte, on doit s'engueuler, sinon, on a un truc qui va de travers. Mais à un moment, elle a hurlé qu'elle allait mourir. C'est pas comme si c'était la première fois qu'elle disait qu'elle allait mourir dans quelques jours, depuis quatorze ans. Mais tout à coup, je me suis sentie terriblement démunie.

Je n'ai pas vraiment répondu, je n'ai pas vraiment crié, pourtant j'adore crier. Je suis sortie de la pièce où j'étais et je suis allée m'allonger, je me suis mise à pleurer, évidemment. Je pleure tout le temps, mais là, je lui en ai un peu voulu, parce que d'habitude, j'en rajoute, je bave dans mon oreiller et je trouve tout ça très artistique, mais là, pour la première fois, je n'avais absolument aucune envie de pleurer. J'ai compris quelque chose d'assez triste, ma mère est malheureuse, d'accord, c'est vraiment terrible pour elle, mais on dirait qu'elle a besoin d'en faire profiter les autres sous prétexte que 'personne ne l'a jamais écoutée et qu'on la maltraite depuis dix-sept ans'. Sauf que là, quand elle vient me hurler dessus alors que j'essaie de dormir, qu'elle déballe les horreurs que lui fait subir mon tortionnaire de père, je n'arrive plus à l'écouter.

Je pense au fait que j'ai l'air horriblement triste au lycée. Je suis incapable de dire bonjour à quelqu'un sauf que cela sonne faux. Dès qu'il y a un silence dans une discussion, la première pensée qui me vient, c'est que c'est de ma faute. En espagnol, quand je suis interrogée, je bafouille un mélange de grec et d'italien vaseux, je relève la tête et je ne sais jamais ce qu'on m'a demandé. C'est drôle parce que ce comportement pourrait être amusant si il était volontaire, mais en fait je ne fais vraiment pas exprès, je souligne la date et je fais des petits dessins à côté du vocabulaire.

Ma mère est hallucinante, elle a eu une vie formidable, elle a été abandonné, elle a fugué, elle a vécu en Inde, en Suède, elle a effectivement été relativement persécutée par tout le monde, mais malheureusement, elle commence à y prendre goût. Je vois presque qu'elle se sent rassurée quand elle me raconte qu'elle est tellement mal aimée.

J'ai un drôle de sourire, là.