samedi, mai 20, 2006

Learn to play your fucking instruments.

Le LFH étant à l’école, notre principale idée de la vie en société, pendant nos 16 premières années en pleine conscience, ce que la Statue de la Liberté est à New York ( un cadeau de la France dispensable mais tellement significatif ), il faut une célébration de la chose. Dans les règles, avant qu’elle prenne part à l’interminable et angoissant tourbillon du passé dont nous sommes toujours seuls à être hanté. Oui parce que tout le monde a une version différente de l’histoire, du haut de ses yeux, donc autant sauvegarder ces moments de non gloire adolescente avant que des moments de rétamages d’adultes viennent tout grossièrement effacer.

Le LFH, comme toutes les hiérarchies, est en fait une grosse tyrannie même pas bien déguisée. C'est-à-dire que sévit un seul monstre cruel et autoritaire, la bien nommée teneur en ce mélange de coupes de cheveux ravagées, de tailles élastiques, de tenues auto congratulées et de démarches scéniques. Cette liqueur plus communément appelée Yo-attitude a été injectée à doses scandaleusement inégales dans les veines des élèves du LFH. Peut-être pas à la naissance parce que quand même, avoir le sens des rayures roses et des cheveux sublimement noirs, c’est un don beaucoup trop précieux pour être placé dans les doigts potelés de nourrissons baveux. Mais disons qu’à 11 ans, quand on commence à arrêter d’être un gamin insupportable avec visage vide et manque flagrant de rayures, certains commencent à faire leur réserve du précieux liquide. Et c’est là où la scission commence. Tel un tremblement de terre digne des meilleurs films catastrophes, le sol se scinde en deux en une jolie ligne brisée, et tous les cons qui se trouvent d’un côté sont éternellement destinés à être des ringards tandis que les autres deviennent irrémédiablement cools. De ce côté, pas de problème, on est yo et on le reste. Mais du côté des cons, tout n’est pas si simple, comme si ça ne leur suffisait pas de dire Adieu à des années des scolarités agréables, d’autres mutations sont opérées au sein des ringards absolus. C’est ainsi que naissent les wannabe, les résolus, les révoltés, les passifs, les inconscients, les lucides et les amers.
Pour imager ce phénomène de la façon la moins cruelle, imaginez que vous êtes ringard et que votre voisin est cool. Et voilà, vous venez de goûter à l’Apartheid façon enfants-et-adolescents-de-3-à19-ans-en-soif-d’expérimentation-de-la-vie-qui-vient-de-leur-être-dévoilée.
Le Monde Yo est en lice pour le titre du plus creux de tous les environnements, cependant, certaines règles contribuent à le rendre pas complètement inintéressant. Ces règles régulent l’entrée des membres, ainsi que leur importance, plus on cumule les caractéristiques, plus on est un Yo de première classe, et ça c’est bon.

Premièrement, il faut être mince. A part quelques infimes et explicables exceptions, de mémoire d’observatrice sournoise, on n’a jamais vu de gros dans l’entourage des Yo (les quelques gros admis sont soumis à la condition de remplir doublement au moins deux autres conditions, histoire de compenser). En plus d’être mince, leur mission principale est d’être beaux. Assez beaux pour écraser les non beaux, les démoraliser, les faire acheter des t-shirt rayés dans l’espoir de se faire confondre –de loin- avec l’une de leurs idoles, faire comprendre à la plèbe qu’il s’agit d’un monde fermé et que si vous n’avez pas reçu la bonne combinaison de chromosomes, c’est tant pis pour votre gueule. Le plus révoltant, c’est cette beauté diffusée dans le sens biblique du terme. Ces gens sont réellement beaux.
Jusque là, un spécimen Yo est donc affublé d’un poids méprisant et d’un visage parfait.
Pour définir le physique plus simplement, il est juste bon à savoir que les Yo sont parfaits. Ils sont aussi grands ( 1ère utilisation : repousser n’importe quel être inférieur par les mots implicitement écrits en lettres fluorescentes « Si tu viens me parler, ton menton arrivera à mon épaule, et comme tu te doutes bien que je ne prendrai pas la peine de baisser la tête pour toi, tu seras obligé de lever la tienne et de te retrouver dans cette position ridicule où l’on se trouve lorsqu’on observe quelqu’un comme on observe la Tour de Pise/ la Sagrada Familia/ la Tour Eiffel/ Big Ben, pour la première fois. Position qui ne viendra que renforcer mon sentiment, tu es ringard » ), parfaitement chevelus ( boucles parfaites, art d’allier le peigne et le gel sans avoir l’air d’avoir plongé la tête dans un pot de confiture, mèches longues et lisses, tout pour donner envie de se raser définitivement le crâne), et surtout, magistralement bien articulés.
Avez-vous déjà ressenti cette montée de complexe indomptable, vous faisant soudain réaliser que vos gestes étaient gauches, votre démarche ridicule, le mouvement de vos cheveux inexistant et que l’os de votre cheville ne ressortait pas quand vous marchiez ? Non ?
Eh bien eux non plus.
Les Yo ont l’art de la coordination, les filles marchent comme si un marquage au sol leur indiquait où poser les pieds, les garçons avancent comme sur des patins et ont résolu le mystère de l’emplacement des mains quand leur utilité n’est pas requise. Attention, le voile de plusieurs générations de tortures juvéniles va être levé.
Le long du corps.
Oui, moi aussi j’ai mis du temps à me remettre au début. Mais on s’habitue.

Mais l’injustice ne s’arrête pas là. Ca serait trop facile si ces petits morpions se contentaient d’être physiquement parfaits.
Ils sont aussi riches, puisque tous fils et filles de diplomates, consuls, employés du Consulat, ambassadeurs, employés de l’Ambassade, chefs d’entreprises et autres métiers trop bien rémunérés pour les exercer en France.
Ils sont aussi intéressants. En tout cas, il faut le croire puisque tout ce qu’on en aperçoit pendant la récréation sont des agglutinations de cartables si bien fermées qu’on se demande s’ils ne sont pas entrain de fomenter un attentat là dedans. Quand ils ne discutent pas avec air sérieux et le reste de la panoplie empruntée au Papa, ils exercent leur deuxième activité favorite. S’allonger les uns sur les autres. Dans les systèmes masculins, ça se réduit à attraper le plus proche compatriote et à l’agiter comme une bombe de Chantilly en laissant apparaître sous-vêtements et portions de peau supposées au dessus de notre mérite. De grands moments. Pour les institutions mixtes, c’est facile, la fille se pend au garçon et en gloussant tout en tentant d’être la plus désirable possible, tout un art. En ce qui concerne l’étiquette exclusivement féminine, il suffit de s’agripper le bras, le poignet ou la taille pour jouer le parfait duo de meilleures amies tout en espérant que l’autre contracte un ignoble bouton pendant la nuit.

Les filles. Un sacré morceau. Basiquement, les Yo ont vu naître deux races de filles. Les bimbos et les garçons manqués. Mais attentions, les règles ont changé depuis le CM1, les temps où le garçon manqué était la risée de l’école sont révolus. Aujourd’hui elles ont les cheveux longs se maquillent mais sont les meilleurs copains des garçon, pantacourts et vocabulaire inclus. Oui, ces filles sont la vermine, belles et sportives, elles sont totalement insérées dans le monde de nos plus grandes idoles, nous, les filles banales, elles les touchent, les sentent, les font rire et ne sont pas totalement écartées de la course à la petite copine. Des vraies tâches.
Les bimbos, on les connaît, on sait qu’elles marchent les mains pendantes, les yeux surexcités, les jambes en alerte, la bouche en cœur et avec la ferme certitude que si elles pensent très fort « Ils ne voient pas à quel point je fais tout pour me faire remarquer », ça deviendra réalité. Les bimbos (aussi appelées pson) sont la version plus poussée des garçons manqués, plus portées sur les nombrils, plus fans de Paris Hilton, plus abonnées chez le coiffeur et plus en recherche assidue de sexe.
Les deux classes vivant à proximité des beaux garçons, nous leur devons cependant le respect.
Les garçons, comme d’habitude, sont moins compliqués que les filles, ils n’ont qu’une bannière sous laquelle se rassembler. Il leur suffit d’être beaux, bien coiffés, bien habillés, de fumer et de rester entre eux pour être Yo.
Généralement, un Yo ne touche pas à son carnet ou même à tout ce qui a un rapport avec l’administration, pas de photo d’identité, pas de notes. Rien n’enthousiasme le Yo à part lui-même, pas question de courir au cross, d’assister aux spectacles, de s’investir aux ventes de choses inutiles destinées à payer un voyage nul, de lever le doigt en cours ou même d’admettre qu’un cours est intéressant. C’est pourquoi ils sont aussi les premiers à quitter la classe, avec en option, un air exaspéré et un pas pressé. Rien ne semble assez bien pour eux et on se surprend à se sentir chanceux de respirer le même air qu’eux.

Le Monde des ringards est beaucoup plus cosy. Ils ne peuvent pas tomber plus bas alors la liberté de mouvements est infinie. Ils peuvent même venir à l’école les cheveux gras de temps en temps, personne ne notera. Les ringards n’ont pas nécessairement besoin d’être moches. On trouve des spécimens étonnants dépassant parfois le mètre soixante et les lunettes, passées de toutes les strates de mode depuis longtemps, se font tout aussi rares. Le cliché du nerd moche et associable est fini. Maintenant on se contente de ne pas être assez bien pour les Yo. Ce qui est un grand pas. Mais la plupart des ringards admirent maladivement les Yo.
Ca peut se traduire par une haine violente comme par un amour insensé, tout est permis puisque de toute façon tout le monde se tape de l’avis des ringards. Ils peuvent passer des récréations entières à les dévisager du coin de l’œil s ans avoir la moindre nano chance d’être un jour frôlé par l’un d’eux. Mais ils ne sont pas totalement obnubilés par leurs idoles. Ils sont aussi concernés par le timing parfait pour arriver premier à la queue de la cantine, par l’oubli de leur rapporteur, par le retard de leur livre au CDI, par l’emplacement idéal du bus, par leur contrôle de physique, à leur moyenne de grammaire qu’ils ont oublié d’écrire en rouge et à l’heure de permanence qui n’est toujours pas organisée en tranche de vingt minutes (respectivement révisions de maths, actes illicites sur l’ordinateur –consistant à ouvrir deux logiciels de découverte du Moyen Age à la fois- et détente par la lecture d’un article du Monde).
Un ringard n’a pas forcément de meilleures notes qu’un Yo, loin de là. Le ringard représentant 75% de la population LFH-ienne, il y a très peu de chances que ce soient tous des rats de bibliothèques. Non, les centres d’intérêts sont variés. Tennis (ce qui a l’avantage de faire gagner un point sur la route des Yo, la minceur, sauf si vous mangez 15 682 Lions par jour, là c’est raté), ordinateur (si vous jouez de la guitare et que vous avez de sublimes cheveux bouclés ainsi qu’ « Albert » écrit sur tout votre livre d’anglais, vous êtes un Yo qui s’ignore, sâchez-le) ou lecture (SI, des gens lisent pour le plaisir) font partie du quotidien des ringards.
Un ringard est minoritairement conscient que tout le monde le déteste et aimerait assez qu’il se casse la gueule en montant les escaliers. La plupart sont à l’aise et font avec leur manque de popularité latent. Certains arrivent même à vivre sans craindre constamment qu’un troupeau de Yo le coince dans un couloir désert et rie de son nouveau t-shirt (tout le monde n’est pas OBLIGE de porter des rayures, bordel). Ils se déplacent entre ringards du radiateur à la cantine et de la cantine au CDI et sont aussi bien comme ça.




Ce n’est pas mon cas. Je suis une ringarde wannabe, haineuse et frustrée. Mais moi, je vais voir Albert en chair et en os !

mercredi, mai 17, 2006

Spatule

Winning days are gone.
Héhé, c'est fun omme mon iPod sait choisir les chansons de circonstance. Enfin si il pouvait plus souvent être en accord avec des chansons comme Hawaii ou Perfect Day, ça serait aussi bien.

Enfin aujourd'hui doit être l'accomplissement d'un de leurs cyles en accordance avec la lune, les disques de Shakira passés à l'envers, la dixième lettre avant la lettre miroir de la troisième lettre du dix-septième mot vu dans la journée dans l'équivalence de l'alphabet hélennique mais toujours est-il que c'est reparti. Quand je dis reparti, ça veut dire que TOUS les efforts pour avoir une voix douce, une démarche amicale, des gestes chaleureux, des actes soumis, des propositions discrètes, des sourires sympathiques sont arrachés, déchirés et jetés par terre avec toute la violence de deux collégiennes en pleine expérimentation de leur pouvoir de rejet. Je suis le carrosse partout en n'ayant même pas le droit d'être la cinquième roue.
Les jours glorieux sont vraiment derrière moi.
Où sont passés les temps où JE décidais qu'on allait jouer à vivre chacune dans un univers parallèles ou à déterrer les pierres dans la cours ? Où c'était moi qu'on suivait et qui décidais des notes qu'on aurait chacune pour la répartition des mots dans ON-TE-CAUSE-PLUS ? Et puis ceux où je chorégraphiais nos superbes suicides sociaux de la kermesse de l'école ?
Je suis aujourd'hui réduite à aquiescer sur tout et rien sous peine de me faire pestement ignorer pour le reste de la journée. A écouter du Christina Millan tous les midis. A m'empêcher de trouver que Talal est le plus prénom du monde, et que NON il s'habille pas comme une fille.
A me faire dire que les Strokes sont nuls.
Mon petit empire est donc bien renversé et j'ai envie d'être une peste tyrannique de 10 ans.


On a des pensées bizarres parfois, non ?

mardi, mai 09, 2006

You say you can't say anymore, you've already said it before

Je suis un peu cruche, je continue à écrire avec un livre en dessous alors qu’il doit avoir un centimètre de moins que Julian, je suis donc constamment entrain de recentrer ma feuille pour ne pas que mon stylo atterrisse dans le vide ( on a le droit d’écrire de telles choses dans un avion ? ). Non vraiment, Groovy Times me ferait presque de la peine avec un seul écouteur. Et du côté gauche de Gloria, on entend que la voix de Patti Smith, non pas que ce soit dérangeant, mais quand on a goûté aux plaisirs des enceintes ultra puissantes ( ou à la rigueur du casque à infra rouges ), quelle misère de se contenter de ça ! –je viens de faire un très beau point d’exclamation là. En fait toutes ces feuilles ont la classe, je fais mes ‘t’ à la grecque mais ça, pour l’instant, je suis la seule à le savoir-. J’ai déjà dit que j’avais l’impression d’atterrir à New York quand Patti Smith épelle G-L-O-R-I-A ? ( par contre il faudra me prévenir quand je deviendrais lourde ). Prenez note parce qu’il y a très peu de choses qui me font cet effet. A l’heure qu’il est, on dénombre :
-l’accent anglais ( pas très logique je vous l’accorde )
-Albert et sa guitare
-la perspective de me baigner dans des lentilles crues
Oh, Hallelujah. Elle est belle cette chanson, et apparemment, Albert va la reprendre pour son album solo. Ca pourrait même surpasser les lentilles, ça. Une chanson que j’identifie pas. Ah si. Mon Dieu, j’ai honte. Tchi Cum Bah de Superbus.
J’ai des circonstances atténuantes, ce satané Mac ne voulait pas reconnaître mon iPod si je ne supprimais pas tous mes mp4 avec une violence digne d’Alexandre de Large. J’avais bien quelques CDs à transféré, mais j’ai aussi puisé dans la bibliothèque de Mario ( fille d’Odile, oui on s’en fout ) quelques chansons qui me disaient. A ce propos, j’aime comme Matthew Bellamy dit « I think i’m drowning » de la même façon que « Une bauette s’il vous plait ». Peut-être que l’écouteur orphelin a du bon, finalement, je remarque des trucs funs ( comme le fait que j’aime pas l’intro de cette chanson et que je sais pas ce qu’elle fout là ). Ah ouais, là j’ai super envie d’écouter Razorlight donc si on pouvait se grouiller d’atterrir, ça serait aussi bien. J’ai peut-être le talent suprême d’écrire sur des banalités pendant plus de 6 pages, je me demande combien ça pourrait me rapporter ça. En tout cas ça m’évite de pourrir sur mon beau siège Air France. Un autre truc que j’ai remarqué, les choses ne sont pas très bien programmées dans ma vie. Par exemple, je suis allée en Angleterre alors que j’en avais rien à foutre, à 11 ans, pareil pour l’expo d’Andy Warhol, et maintenant, c’est dur d’exprimer ce que je donnerais pour revivre ça ( bon ça va, pour l’expo, je survis ). ON ARRIVE BIENTOT ?!
Mon stylo commence à dessécher ( moi qui comptais le garder toute ma vie pour le présenter à mes petits enfants comme le stylo avec lequel j’ai fait mon brevet blanc ). C’est de la faute du Concorde si j’utilise toute l’encre avant d’arriver ). J’écris de nouveau sur Albert, précisément sur son coude, ce qui est très excitant…car je vais le voir en vrai, ce coude ! (oui, c’est comme ça que j’avais prévu la chute de cette phrase depuis le début).
Oh, Rudi Can’t Fail, si tu merdes cette chanson, je ne te le pardonnerai pas.
Ca va.
Si j’écrivais les paroles en grosses lettres avec des notes de musique qui veulent rien dire, ça donnerait l’impression que je chante ? Non parce que là je suis incroyablement frustrée. Je veux écouter cette chanson, fort, allongée par terre ( c’est pareil pour tout le monde ou je suis la seule à trouver que cette position sublime toute musique ? ). Bon et puis je crois que j’ai subtilisé Horses par erreur. Par erreur, même si personne ne me croira, je l’avais emprunté pour mon petit week-end fraternel et comme ma méthode consiste à éparpiller mes CDS aux quatre coins de ma valise pour ne pas les abîmer, il est possible que j’aie oublié de le reposer. Mais en échange, j’ai laissé mon Marsupilami, le temps de mettre les chansons sur mon ordinateur et l’échange sera fait sans complications. Je tiens quand même à préciser que je n’ai pas laissé mon Marsupilami volontairement, jamais je ne lui ferais ça. Je dis pas que contre une piscine de lentilles… non, non, c’est mal, j’aime mon Marsupilami et je lui veux du bien.
Maintenant que j’ai dépassé la vingtaine de pages au total, je commence à me demander si j’aurai le courage de tout taper et surtout si ça le mérite. Je ne fais que raconter ma vie et je suis la seule que ça intéresse ( en effet, j’adore me relire, rire à mes propres blagues et les marquer d’une étoile rouge – je ne fais pas ça- ). Carrer Oportunities est une bonne chanson. Je dis ça alors que je suis entrain d’écouter Janie Jones, ça sent la fin de l’éclair d’inspiration. Janie Jones aussi, en fait. Surtout le refrain enchaîné par le sexy « Ooooh let them know, let them know ooh », même avec un seul écouteur. Noter que les intros des Strokes sont méconnaissables avec un seul écouteur. J’arrive à la fin de la feuille ( je savais que j’aurais aussi du imprimer elle où Julian se gratte l’oreille, damn ) donc je vais rouvrir mon livre et prier pour qu’on soit détournés sur New York dans la demie heure qui suit ( j’espère que c’est bien une demie heure qui reste ).

samedi, mai 06, 2006

You look a bit like coffee and you taste a bit like me

Suite ( et pas fin parce que j'ai vraiment écrit beaucoup, god, je suis le genre de personne qui ne devrait jamais être en contact avec du papier et un crayon )

J’ai repris une dose de MCM chez ma grand-mère et c’était bon. Son appartement est génial, ça pourrait faire un super squat et je l’ai toujours pensé, on peut dormir à cinquante là dedans. Vient la meilleure partie du séjour pour moi, incrustation chez Caroline. Et ça, c’était du cochon fourré au thon si vous voulez mon avis. Premier soir, je dois admettre qu’on a fini par faire des choses glauques avec des photos de Fabrizio Moretti et Albert Hammond Jr.
La première partie du lendemain était très triste donc je vais la zapper, en revanche, l’après-midi était si drôle que je vais faire l’effort de le raconter. En gros, on était entrain de se bidonner sur les rochers au bord d’un lac et là un homme est arrivé, s’est mis en string et s’est fait bronzer. La partie drôle, c’est quand on cherche tous les angles pour le prendre en photo. Aah…
Le surlendemain, je m’en rappelle plus. Ah si. On est allées en ville, j’ai enfin achevé ma déculpabilisation en achetant le Strokes qui me manquait. Donc je suis plus qu’une sale pirate, j’écoute les Strokes en toute légalité. La photo de Julian dans le livret est… j’ai encore chaud moi.
Le lendemain du surlendemain, on a fait un sublime gâteau et je crois pouvoir dire sans me tromper qu’il ne s’est pas passé un moment sans que je sois écroulée de rire. Soit parce qu’on me faisait dégouliner de la pâte sur les avant-bras, soit parce que je tartinais carrément Caroline de chocolat, soit parce qu’on était des merdes dans la recette. Mais ses parents s’en sont souvenus et nous ont parlé de l’état « catastrophique » de la cuisine, des jours après l’incident.
Le lendemain du lendemain du surlendemain, on est retournées à Lyon, et là, eh bien… voilà quoi. On s’est aventurées à la billetterie. Le soir précédent, on avait entendu un truc dingue à la radio entre nos gloussements ( donc imaginez la CHANCE qu’on a eu ), les Strokes viennent à Lyon. Je m’étais maîtrisée, Margaux, tu n’achèteras pas de billet à 30 euros. Et finalement, ce nom sur les panneaux…je n’ai pas pu lutter et j’ai craqué. Comme le vendeur était très gentil et pas trop moche, j’ai demandé à quelle rapidité partaient les places.
Il en restait 500.


Et avant que j’aie pu la stopper, Caroline avait prononcé les mots « bon alors je vais en prendre un aussi » et comme je suis toujours moi-même, je me suis mise à rire.
Tout à coup, on avait toutes les deux un billet pour voir Julian et Albert et Fabrizio et Nikolai et Nick et tout ça en pleine rebellitude, clandestinité totale et tout ça.
Le samedi, il a fallut que je commence à songer à dégager. Alors ce fut fait, je tiens à déclarer que ma valise est scandaleusement lourde. J’ai donc retrouvé le joli appartement, le point de départ, les vinyles. Je me verrais bien habiter ici. Et pas que parce qu’il y a le satellite, aussi pour… il y a plein de lampes.

Le dimanche reste un jour super fort et super fortement écartelé entre un très bon souvenir et un traumatisme grave. On se foutra de ma gueule mais ce truc me fait encore super peur et ça m’empêche de penser à ce concert comme à un truc agréable.
Hier c’était lundi et je me suis gavée de télé et de yaourt à boire à la fraise, je rêve d’une vie comme ça. Et aujourd’hui j’ai refait quelques courses, Caroline et Maëlys sont descendues me voir (comprenez que j’ai fait les courses pour ces gourgandines).
C’était drôle mais j’ai pleuré à la fin, pour un truc con.
Mais bon.




Le trois mai ( dans l’avion )

Ca y est, je suis dans l’avion pour l’enf…euh Athènes. J’ai bien envie de faire pipi et la bonne nouvelle c’est que je ne verrai pas de toilettes d’ici trois heures. On décolle à midi et la deuxième bonne nouvelle c’est que beaucoup d’avions décollent à midi. Dont un avion pour New York qui a eu la bonne idée de venir se mettre juste en dessous du mien sur les écrans de départs. Quelle délicieuse coïncidence, aurais-je songé si je n’étais pas maladivement obsédée par cette ville, je suis justement entrain d’écrire sur Albert à cet instant ! Qui se trouve faire partie d’un groupe New-yorkais et qui habite à … New York, la vie est fait de petites choses, comme ça… En fait j’avais imprimé des photos pour ne pas m’évanouir de manque pendant le séjour, et comme j’ai plus de feuilles, je dois leur écrire sur le dos. Mais comme la simple vue du mot me met dans tous mes états, je ne peux pas m’amuser cette charmante anecdote, seulement l’imaginer et passer les trois prochaines heures à me persuader qu’on survole l’Atlantique. Et puis merde, j’ai oublié mon Marsupilami, je suis pas sûre de pouvoir dormir sans lui, je m’y suis attachée, à ce crétin, et même s’il a du coton qui lui sort du crâne, je l’aime et j’aurais pas du l’oublier.
Ca m’étonnerait qu’on survole les Alpes pour aller à New York. Je devrais sérieusement songer à couvrir le hublot parce que ces petits tas de sucre glace me démoralisent. Mais sinon, j’ai mangé un flan, ils ont enfin dégagé ces affreux gâteaux au chocolat fourrés au chocolat avec nappage au chocolat. A la place, une tartelette au flan toute mignonne avec de la croûte sucrée et de la crème pâtissière. La vie serait belle avec plus de flans. Ou alors si on pouvait se baigner plus souvent dans une piscine de lentilles pas cuites, ça doit être dingue. J’ai un peu dormi et je n’ai plus de notion du temps, mais d’après ces foutues montagnes qui persistent, on doit n’être qu’à mi-chemin. Si on prenait le concorde ( Paris – New York en 2 heures, je le rappelle ), je serais déjà chez moi entrain de ma gaver de vidéos des Strokes qui m’ont tant manqué, en pensant « Hé hé, dans trois mois, j’y suis ». Mais non, on prend ces vieux machins qui donnent mal à la tête et qui sont scandaleusement lents. J’ai tellement écrit ces jours-ci, c’est flippant, ça doit être la solitude. Je devrais donc m’exiler pour finir mon histoire, mais j’ai découvert que faire les courses, ça n’était pas que acheter des disques, et ça, je ne veux pas retenter. Jamais.
Bon, les Alpes ont enfin dégagé, je peux de nouveau avoir l’impression que c’est à JFK que j’atterrirai. Enfin à condition de ne pas trop regarder en dessous des nuages parce que je suis pas certaine qu’on survole la campagne non plus. Mais sinon, tout est parfait pour que j’y croie, à présent, j’écris sur Julian et l’essence de la plus fascinante ville du monde m’envahit. J’ai dit que l’un de mes écouteurs m’a cruellement lâchée ? Le droit en plus ( quoique je suis presque sûre que c’est dans le gauche qu’on entend les parties de guitare d’Albert ) et c’est très dur à vivre. Le mélange de Patti Smith et de discussions de touristes Allemands ne s’avère pas concluant. Et je viens de ne pas reconnaître l’intro de Heart in a Cage, avec ces conneries, c’est effrayant. Je trouve pas ça très réglo qu’un écouteur décide d’arrêter, comme ça, au début des vacances. J’ai pu survivre avec les 33 tours tant que j’étais sur terre ( bien que le concept des appartements m’ait toujours échappé, on vit les uns sur les autres !? ) mais là, survolant la côte Croate ( oui, je me suis résignée ), écoutant les Clash de l’unique côté gauche, je ne peux que dire que ça s’apparente salement au coup du—

Alors là je comprends pas. J’ai pas fini cette phrase et je vois pas où je voulais en venir, tant pis.


( Liam voulait sortir un double album, ce con. Pas pour mettre davantage de chansons, uniquement pour que ce soit un double. Je ne me l'explique pas. C'est le genre de choses qu'il suggère, double album, triple album, il ne sait pas ce qu'il raconte, c'est un débile mental. )

vendredi, mai 05, 2006

Got too deep, but how deep is too deep ?


Le premier mai ( plus tard )

Vendredi j’ai acheté ma place pour les Strokes, le 17 juillet. Je lance un appel à mes amis et à ceux qui comptent le devenir d’ici là, ne me laissez jamais plus aller à un concert seule.
Merci.


Oui, j'ai cédé, j'ai pris une photo de pouffe où je tiens le billet avec des lunettes de soleil alors que ça été pris dans la chambre de Caroline. Mais je vais voir les STROKES !


Le deux mai

Je suis entrain d’écouter Television. Je vois pas pourquoi on dit que ça a mal vieilli. Enfin, en même temps j’étais pas là pour les sentir quand ils étaient encore frais mais je trouve ça bien. Tom Verlaine a une voix marrante, enfin une voix d’époque quoi. Un mélange de Lou Reed et Johnny Rotten ( et je dis pas ça parce que c’est les deux seuls que je connais, j’en connais plein d’autres, d’abord ).
Je sais pas si on peut avoir une voix nasillarde, grave, aigue et rauque en même temps mais toujours est-il que je peux pas me décider entre les quatre.
Mais il y a pas de gros choc.
Il y en a pas eu non plus avec Patti Smith au début mais c’était pas pareil, j’étais par terre, à essayer de m’endormir et quand je somnole, j’exagère plus que jamais –c’est possible-.
En fait plus j’écoute, plus je réalise que ce chanteur me rappelle une voix précise, mais comme j’arrive pas à situer laquelle, je l’ai dans le cul.
Quand j’étais au concert, je regardais par terre ( comme à chaque fois que je me retrouve au milieu d’un rassemblement de plus de 3 personnes ) et j’ai souri malgré moi devant cette abondance de Converse au mètre carré. C'était dingue, tout le monde arborait un air fier qui semblait vouloir dire "Euh ouais, je vous emmerde tous, prenez en plein les yeux".Je devrais n’avoir rien à dire puisque j’avais les miennes aussi, mais à certains moments, je nous trouvais tous tellement ridicules que je savais plus si il fallait rire ou pleurer.
Affluence de tennis américaines, de mèches savamment mal coupées, de torses recouverts de rayures en tout genre, mais j’ai surtout été frappée par la perfection de tous ces gens.

Il n’y a donc que des gens beaux qui sont autorisés à écouter les Arctic Monkeys ?
Dans la fosse, tous grands, minces, à côté de moi, bavards et amusants, derrière moi sociables et cultivés.
ETAIS-JE DONC LA SEULE RINGARDE A CE CONCERT !?
J’espère que les fans des Strokes sont un peu plus nuls parce que les remontées de complexes ne doivent pas excéder l’évènement annuel. Même le chanteur de la première partie ( quand je connaîtrai leur nom, je remplacerai toutes ces preuves d’une inculture latente par le nom du groupe, en rose et gras ( maintenant, je sais que c'est Milburn, et ils valent bien le rose et gras, nda ) avait du charisme, un truc qui le transforme d’un garçon qu’on remarque pas dans la rue en une petite rock star. Je me demande si ça s’acquiert.
Donc le bassiste, le guitariste et moi, on était les seuls gros nuls ce soir là.


Le deux mai ( le soir )

Au début ça m’excitait pas trop de venir en France. J’étais à Athènes, il faisait beau, je passais ma vie à téléharer des vidéos des Strokes, j’étais amoureuse et rien ne me tendait vraiment les bras à Lyon. Résultat, ce soir, j’ai la tête lourde à l’idée de rentrer. C’est vrai qu’au final, je n’ai jamais envie de prendre l’avion, soit je pleure, soit j’angoisse, soit…je pleure.

Demain je pense que je vais opter pour une nouvelle option, le bloc de glace. Premièrement parce que j’ai pas envie de pleurer, deuxièmement parce que j’ai épuisé mon quota d’angoisse pour cette semaine, et puis troisièmement parce que, ben parce que je suis pas si sûre d’éprouver des sentiments pour le coup. Un quatrièmement pour la route, mais je dois être sûre, on est pas SUPER sexy quand on prend un air détaché et mélancoliquement ailleurs ? Hein ? Hein ?
Résultat des courses, les Arctic Monkeys me font peur, j’ai quelque chose de prévu le 17 juillet ( le 17 juillet 2005 j’allais voir Placebo à Vienne, je trouve ça marrant, mais je force personne à penser comme moi ) et j’ai jamais eu autant envie d’habiter en Angleterre. Donc c’est pas mal.
Premier soir j’avais pas spécialement envie de me faire accueillir par Catherine ( en fait, quand j’y pense, aucun des changements de foyer que j’ai fait ne plaisait, au début, dans ce séjour, donc la vie est faite ( la mienne en tous les cas ) de choses dont on n’a pas envie, quelle merde ) mais son appartement est beau, elle est sympa ( même si elle fait un bruit affolant en mangeant, version sucions entre le palais et la langue, j'ai jamais autant mangé dehors que pendant ce séjour ) et surtout, elle a le câble. Je me voyais déjà faire une overdose de MCM et de lait chocolat au soja.
Lundi, Claire chérie, mais comme je suis conne et qu’il s’agissait de je ne sais quel jour férié, tout était fermé et on a glandé. On aurait glandé à la Fnac si les magasins avaient été ouverts mais on a glandé à Saint Jean ce qui est mieux parce qu’il y a des crêpes au chocolat. De toute façon ce passage m’emmerde parce que j’arrive pas à être marrante, parce que je me sens bizarre. Et puis merde, j’ai ultra chaud, on peut pas entamer la ménopause à 14 ans quand même ?

Je tiens quand même à préciser que Claire m'a offert des cadeaux géniaux.
Et que Claire, je t'aime. Surtout pour la discothèque idéale que j'hume pour penser à toi ( ce passage est faux mais j'avoue que j'aime l'odeur des pages ).



Donc après ce jour là, journée de glande solitaire, en fait j’étais assise dans l’exact même fauteuil que maintenant, il y a exactement deux semaines et je lisais le guide des bonnes manières en me bidonnant.
C’était con mais bon ( comme le cochon –quoique, je sais pas si c’est con, un cochon- ).
Le lendemain, je suis arrivée en retard au rendez-vous et c’était très con ( comme le thon –quoique…non j’arrête- ) parce que j’ai croisé mes amies dans le bus qui passait en face, en fait. Donc j'ai souri de toutes mes dents comme une niaise, on est descendues chaune à l'arrêt suivant et on est arrivées à s'attraper.
J’ai revu des gens et j’ai été contente. Les voix étaient graves. Flipping. Et puis on s’est un peu engueulées. En fait c’était plutôt un gros règlement de compte. Mais bon, là je suis entrain d’écouter un truc sur Pete Doherty donc deux secondes, tu veux.
Voilà c’est fini, Pete Doherty est allé foutre une seringue dans le bras d’une fille. Quel con.
Après ce jour là, on a décidé de se revoir mais ça a été la merde parce que voilà, les bus lyonnais ( j’avais fait un très beau ‘b’, dommage que ça puisse pas transparaître sur le clavier ) ont tendance à puer carrément et la patience de mes amies n’excède pas dix minutes. Je me suis donc tapée le périple à pied jusqu’à la copine la plus proche, eh ben je peux vous dire que Ecully c’est quand même vachement plus grand que je pensais ! Mais finalement c’était bien, on a joué avec des vecteurs, on a mangé du chocolat et on a regardé Un Dos Tres. J'aime trop Un Dos Tres, c'est dingue. Je suis rentrée et c’était bien chiant parce que les transports en commun n’avaient pas arrêté de puer entre temps. Oh oui, une heure d’attente à un arrêt désert, encore !
Vendredi, train pour Montpellier avec une fille bizarre qui parlait toute seule devant son ordinateur. En arrivant on a mangé au Mc Do mais c’était con parce que sur le message j’avais compris qu’on irait au Chinois donc voilà ( je dis beaucoup [trop] ‘donc voilà’, ça commence à se ressentir dans ce que j’écris ). J’ai vu V pour Vendetta et c’était biiiiiien.
Après, effusion d’amour.

J’ai vu ma sœur.

Désolée mais je vais être obligée de dire ‘qu’est-ce qu’elle est mignonne !!!’. C’est pas parce qu’un morceau de viande est sorti d’un utérus récemment qu’on doit tous s’extasier dessus, je suis d'accord. Mais quand même, c’est ma petite sœur, et elle sent bon, elle se dandine, et elle met ses petits poings dans sa bouche ( à propos tout à l’heure on a réalisé que les bébés pouvaient faire ça parce qu’ils avaient pas de dents et que quand on était assez conne pour essayer de le faire (lalala), on avait des petites marques de dents rouges sur les mains, bref ) et puis ça a pas raté, je l’aime.
Et j’aime bien le fils de la copine de mon père aussi, il a le pouvoir de me faire glousser dès qu’il dit le mot ‘cocon’. Mais il faut dire, aussi, qu’il prend un accent marseillais et que j’ai eu droit à la démonstration du cocon en question avec le hamac et tout ça. Si si, c’est drôle. Je me suis également découvert une passion pour le foot. J’ai appris qu’on fait les passes avec l’intérieur du pied et que moi, les têtes, ça me fait très mal. Sérieusement, j’aimerais être meilleure en foot, bon par contre là ça redevient chiant comme quand je parlais de lundi donc j’arrête et OH MAGIE ! Il est re-lundi, eh oui, déjà une semaine.

La suite pour les jeunes fous ( pardon, ça doit être tous les mp3 que j'ai téléchargé qui me font cet effet là ) que ça intéresse. Je me casse la tête à rendre ça plus intéressant que j'avais écrit dans des sales moments où je partais dans des délires nostalgiques, tout ça, donc vous avez interet à aimer.

jeudi, mai 04, 2006

But they're not half as bad as me, say anything and I'll agree, because when it comes to acting up, I'm sure I could write a book

J'ai écrit des tonnes ces jours ci, mais étant donné que ça prend six pages sur Word ( et que ça m'a bien fait chier de tout tapper aujourd'hui ), je propose une répartition sur plusieurs notes ! Youhouuu ! D'accord les amis ?

Pardon, le jour où cette auto dérision sur mon lectorat désertique s'arrêtera, ce sera le jour où j'enverrai un manuscrit révolutionnaire à Albin Michel.

Le premier mai.

Donc le concert était bien.
Oui, en fait le concert était très bien. J’ai vu les Arctic Monkeys, j’ai entendu les Arctic Monkeys, les Arctic Monkeys m’ont buriné les oreilles avec une force de 25 marteaux piqueur pendant 42 minutes.
Mais c’était très bien.
C’est vrai que la musique était très forte. J’avais peur d’aller au Transbordeur toute seule ( et j’avais bien raison ). J’aimerais bien savoir ce que cette magnifique salle est allée faire en dessous de la voix ferrée à deux pas de nulle part. Y aller à pied fut éprouvant. D’autant plus que j’étais seule. Effectivement, je vais à des concerts seule. Et je confirme que ce n’est pas de tout repos d’avoir une contenance au milieu de stéréotypes du jeune-rocker-de-15-ans-à-polo-rayé-et-converses-déchirées. Parce que contrairement à ce que je pensais, les jeunes dans le coup peuvent bel et bien convaincre collectivement leurs parents de leur payer une place pour un concert de rock. Donc moi j’étais seule à un concert de rock. Mais quand on sait que c’est mon TOUT DERNIER CONCERT SEULE, c’est supportable. J’ai résisté à l’envie de sortir mon bouquin en attendant la première partie, j’ai du faire preuve dune force humaine sans égal. Heureusement j’ai été distraite par l’oubli du numéro de la personne supposée venir me chercher et l’envoi de billards de SMS aux quatre coins de mon répertoire pour le trouver, ce numéro.
La première partie était excitante. Vraiment.
Mais rien d’étonnant vu que c’était un clone des Arctic Monkeys. En fait j’ai même cru que c’était eux le temps de deux ou trois chansons. Mais quand je me suis rendue compte que je ne reconnaissais rien de ce qu’ils jouaient, j’ai du me résoudre à admettre que c’était une première partie –dont je ne connais pas le nom-.
Et puis est arrivée la légendaire demie heure de sound check, les semailles de serviettes et bouteilles sur la scène et autres installations interminables ( THE FUNK MIGHT FRACTURE YOUR NOSE ) et puis scénario habituel. Les lumières s’éteignent, les gens se lèvent, les filles crient, et… eh bien les Arctic Monkeys arrivent. Comme j’avais imaginé en fait, Alex Turner se ressemble, il avait le même tee-shirt marron que sur certaines photos, la même coiffure et la même voix. Le même mutisme aussi.


« Oh no, thank YOU, pleasure’s all mine »
« You like that one ? She likes that one down there »
« Yeah, isn’t it…? Isn’t it just ? »


Et le classique « We’re Arctic Monkeys » ( suivi de « If you like this, you love that » pour introduire I Bet That You Look Good on the Dancefloor ).
Mais malgré leur anglitude, les éclairages géniaux ( oui,ça fait partie des trucs que je note), je ne peux être que poliment admirative. C’est dans la bouche d’un homme à la fin que j’ai entendu ce que je pensais « ils n’ont aucun jeu de scène ». Pour moi c’était, rien de plus qu’une performance musicale.

Mais là je vais aller prendre mon bain donc je ferai la suite plus tard.

Voilà j’ai les idées plus fraîches ( AHA ). J’ai écouté les Strokes dans mon bain et je me suis dit que ce qui manquait aux Arctic Monkeys sur scène, c’était un tout petit peu de charisme. Ou en tout cas Alex et Matthew pourraient en prêter un peu à leurs copains qui restent plantés comme si ils attendaient le bus pendant tout le set. La seule chose qui transpire de leur jeu, c’est qu’ils s’emmerdent. Je pensais déjà ça pendant le concert, mais je le repense, ça fait pas de mal ; ils sont jeunes. Trop jeunes, je dirais. Je suppose qu’à 19 ans, avec quelques années de guitare derrière soi, on sait pas encore comment faire pour ne pas se contenter de la transposition pure et simple d’un disque avec les odeurs en plus. Mais je suis pas amère. Les Arctic Monkeys, ils me font vraiment trop rire et c’est suffisant, si il faut attendre quelques années pour que leurs concerts soient géniaux, ça me va. Là, ils avaient juste l'air de se faire chier, et ils ont bien raison, on pourra rien leur reprocher, et soit ils n'iront jamais plus loin, soit ils feront des trucs énormes dans l'avenir, j'ai hâte de voir comment ça va tourner.

Même si je fais la sale aigrie, il y a quand même eu des trucs énormes.
Dancing Shoes m’aurait bien fait pleurer de nervosité si j’avais pas eu peur que mes lentilles se fassent la malle.
La fosse c’est pas pour tout de suite. J’attendrai de ne plus mesurer 1m57 et je me lancerai avec courage.
Mais pas maintenant.





A la fin du concert je n’avais toujours pas de moyen de locomotion et je peux dire que j’ai bien FLIPPE. Après deux kilomètres le long de la voie ferrée sans trop paniquer, j’ai remonté le Boulevard des Belges, sûre de moi, avant de réaliser que je n’avais aucune idée d’où j’étais. La contemplation d’un plan sous un abri bus m’apprit que j’étais bien loin de ma station de métro, il faisait nuit et il ne manquait plus que je me mette à pleur… trop tard. C’est là qu’un homme est arrivé, blah blah blah et de fil en aiguille, j’ai quand même été assez conne pour le suivre dans le parc. Il m’avait dit que ce serait plus court par là, que lui aussi il allait de ce côté, et il avait l’air sympa. J’ai eu un petit sursaut quand il m’a demandé si j’étais déjà sortie avec un homme de son âge ( oui, oui, il avait 25 ans et il savait que j’en avais 14 ) mais quand il m’a proposé de m’asseoir avec lui sur un banc dans une artère pas éclaire, j’ai réalisé que j’étais seule au milieu d’un parc, la nuit, avec un inconnu de deux fois mon âge qui avait fait 3 fois allusion à l’acte sexuel et m’avait posé à peu près le double de questions sur les garçons. Mieux vaut tard que jamais.
J’ai calmement accéléré le pas ( pour ne pas dire que j’étais sortie du parc en 30 secondes ). Ma peur n’a fait qu’augmenter ( d’ailleurs je vais tout de suite citer Nick Valensi « I’m very, very scared, can you tell me a reason why I shouldn’t be ? », ok je suis la seule que ça fait rire avec la centaine d’autres jerks qui ont regardé In Transit 10 000 fois ), jusqu’à hier, je n’avais jamais pleuré de peur mais je l’ai maintenant assez bien vécu pour garder ma carte d’adhérent aux bonnes vieilles larmes de tristesse. Autant j’ai une propension assez dingue à exagérer, autant là j’ai à peine eu besoin de faire des efforts, j’étais perdue dans ce quartier que je connais pas et il y avait ce tordu qui était encore dans le coin, il m’en faut pas plus pour respirer très fort en pleurant très fort. Par je ne sais quel miracle, ma tante m’attendait à la station de métro que j’ai quand même réussi à atteindre un quart d’heure plus tard.


A l’heure qu’il est, je n’ai plus qu’une seule envie : écouter les Strokes en stéréo jusqu’à la fin des vacances.



[ La première partie, c'était Milburn, et vivement qu'ils sortent un disque parce que c'était vraiment bien ]