mercredi, août 22, 2012

Suspicious minds

La nostalgie, c'est ma spécialité. J'ai souvent (trop) écrit sur des périodes passées de ma vie en me persuadant que j'étais une meilleure personne à ces moments là. Que les choses allaient mieux et que, d'une façon ou d'une autre, j'avais du tout gâcher.
Je sais bien que non, un rapide survol de ce blog suffit pour me montrer que je l'ai bien incarnée, cette ado pleurnicheuse, auto-centrée, groupie de tout ce qui tenait une guitare et une cigarette, et qui était persuadée de tout comprendre, de tout découvrir avant  tout le monde. Et au final, c'est pas plus mal de m'être sortie de ça, même si j'ai toujours cette tendance à l'introspection, à la dramatisation, j'en suis consciente, et j'essaie de la dompter, c'est un bon début, je crois.

Le vertige est grand, lorsque je constate le gouffre qu'il y a entre la vie que j'avais en novembre 2005, et maintenant, en août 2012. Sept longues années où je ne suis pas la seule à avoir changé. A l'époque, je tournais en rond dans un deux pièces en rez de chaussée à Athènes, à haïr mes semblables tout en les admirant et en priant pour qu'ils m'acceptent, je n'arrivais pas à me situer, je n'arrivais pas à savoir si c'était moi qui avais raison, ou bien eux. Aujourd'hui, le monde a changé, les réseaux sociaux m'ont permis de voir comment chaque enfant était devenu un jeune adulte, le jugement est toujours là, il est un peu plus renseigné, un peu plus douloureux aussi. Voir des gens beaux vivre une vie pleine de fêtes et d'amis, c'est plus concret que de m'imaginer la composition des week ends de mes camarades de classes. 
Aujourd'hui, je suis toujours au rez de chaussée, mais dans une seule pièce. Une seule pièce que je vais quitter dans une semaine, je ne tiens pas plus d'un an au même endroit, encore. Cette année je veux bien en rire, puisque c'est moi qui l'ai voulu, ce changement. Depuis que ce blog existe, j'ai changé de ville, ou de pays, tous les ans. Mes théories là dessus ont tellement arpenté mon cerveau, qu'elles me fatiguent. Mais les faits sont là, je pars, encore.

Il ne faut pas que j'oublie, en mettant à la poubelle tout ce que j'étais à 15 ans, de garder quelques reliques, quelques petites choses insignifiantes que cette évolution des choses a balayées. Je ne lis plus assez, je n'écris plus, c'est ce qui faisait mon plus grand bonheur, pendant ces années où je me donne l'impression de n'avoir rien fait d'autre que pleurer. 

C'est ma résolution, pour cette nouvelle année, pour cette (pas si) nouvelle ville, je vais ré-éduquer mon muscle littéraire et apprendre à refaire tout ça, peut être que la boucle sera bouclée, peut être que je me rapprocherai des meilleurs côtés de la chouineuse d'Athènes, et que ça ne sera pas aussi douloureux de jeter un regard sur avant.